Le rédacteur en chef de Clique.fr, Anthony Ceylan, a souhaité écrire une tribune sur son site afin d’exprimer sa colère face au sketch jugé raciste de Gad Elmaleh et Kev Adams.
L’article qui a été supprimé puis republié avec une mise à jour par Mouloud Achour, dénonce le racisme anti-asiatique, dans un sketch où les deux humoristes passent grossièrement en revue un paquet de clichés, de stéréotypes et de préjugés qu’on se fait sur la communauté asiatique.
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Le journaliste souligne le caractère très populaire du spectacle des deux célèbres “humoristes”, qui pourrait avoir comme graves conséquences d’amplifier les injures que supportent depuis toujours les asiatiques:
« Je suis d’origine vietnamienne. Pendant toute mon enfance, comme tous les gamins d’origine asiatique (et plus généralement, ceux d’origine étrangère, racisés ou pas), j’ai eu droit aux remarques et aux blagues plus ou moins racistes, plus ou moins de mauvais goût. Les mêmes que celles que Kev Adams sort sur scène. C’était il y a presque trente ans. Je pensais que la mondialisation des cultures, l’évolution des mentalités et les discours d’acceptation des minorités rendraient inconcevables des scènes pareilles en France, en 2016. J’étais sûrement naïf. »
Puis, il insiste sur les nombreux éléments provenant d’un comique démodé que Gad Elmaleh et Kev Adams ont accentué lors des dix minutes du sketch. Kev Adams entre en scène et: « Il écarquille les yeux, imite lourdement un accent chinois, lève ses sourcils et se déplace avec une gestuelle caricaturale. », « les spots semblent même diffuser de la lumière jaune vers son visage », puis Gad Elmaleh le rejoint “déguisé en maître spirituel”, vêtu d’une longue tunique blanche et noire et coiffé d’une perruque.
Anthony pensait que l’arrivée de Gad Elmaleh sur scène allait faire basculer ce grossier sketch en chef d’oeuvre moderne. Mais cet espoir a laissé place à une terrible déception, qui s’est elle-même mutée en honte: « J’ai honte pour la communauté asiatique. J’ai honte pour Kev Adams et Gad Elmaleh. J’ai honte que des sketches pareils soient encore possibles à notre époque, dans notre pays. J’ai honte en lisant les innombrables tweets – tous au premier degré – de gens qui trouvent cela très drôle ».
Cette polémique sur les sketchs identitaires révèle aussi la frustration de nombreux Français souvent rattrapés par leurs origines étrangères ou leurs convictions religieuses.
Ce sketch relance aussi le débat sur une question incessante dans le milieu humoristique: peut-on rire de tout ?
