Omar Oulad Lhadj est l’une des nombreuses victimes des aléas de l’administration. Ce MRE (Marocain résidant à l’étranger) de 67 ans résident à Orléans avait fait l’acquisition en 2003 d’un terrain dans les environs de Tanger au nord du Maroc. A ce moment-là, “Tanger la blanche” était loin d’avoir réussi le tour de force de devenir l’un des fleurons marocains en matière d’économie et de croissance.

Quelques temps après avoir acheté son terrain, Omar reçoit un document officiel lui signifiant que dans le cadre d’un projet d’extension de l’aéroport Ibn Batouta de Tanger, il va être exproprié. Son terrain est désormais destiné à accueillir le futur projet d’agrandissement de l’aéroport tangérois.
Soucieux de l’avenir du Maroc son pays d’origine, le retraité accepte sans condition sans s’imaginer qu’il allait devoir livrer une longue bataille à l’Office National des Aéroports.
Il a économisé toute sa vie pour pouvoir enfin s’acheter un lopin de terre dont hériteront plus tard ses enfants, pourtant au moment de l’indemnisation, c’est le coup de massue.
Estimé à 200 € le m², Omar se voit offrir pour son terrain une somme dérisoire de 22 € le m², soit 10% de sa valeur réelle.

Un montant qui couvre à peine les frais et qui ne lui permettra certainement pas d’acquérir un autre terrain dont les prix sont beaucoup plus élevés.
Depuis, Omar ne sait plus à quel saint se vouer, l’administration étant ce qu’elle est et désemparé par un combat qui dure depuis 14 ans, le retraité originaire de la ville d’Al Hoceima a décidé de faire la grève de la faim.
Lundi 15 mai, Omar s’est posté devant le consulat du Maroc à Orléans pour entamer sa grève de la faim, il a même creusé sa propre tombe…
En dernier recours il a écrit une lettre ouverte au Roi du Maroc Mohamed VI, qu’il a postée sur sa page Facebook.

Voici sa lettre dans son intégralité:

« Salam, Bonjour,

Indubitablement, la ville de Tanger connaît un développement spectaculaire depuis une vingtaine d’années. Nombreux sont en effet les projets innovants qui y voient quotidiennement le jour. De la réforme des infrastructures à la modernisation de l’ensemble de l’activité économique, Tanger est incontestablement en passe de devenir l’un des joyaux du Maroc.

Sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, le pays s’inscrit par ailleurs dans des avancées sociales connues et reconnues à travers le monde. Pour certains pays, le Maroc est même une référence en termes de développement social comme l’a récemment souligné le ministre argentin Sergio Bergman. C’est dans cet esprit d’ouverture sur le monde que je souhaite humblement faire appel à la bienveillance de mon roi, Sa Majesté le roi Mohamed VI.

En effet, parmi les projets économiques à dimension humaine entrepris ces dernières années par le pays, la future extension de l’aéroport Ibn Batouta de Tanger est l’une des plus remarquables de la région. Afin de s’étendre, l’aéroport a besoin des terrains environnants, parmi lesquels se trouve ma propriété, composée d’un terrain, d’une maison et d’étables.

J’ai durement travaillé pour pouvoir accéder à cette propriété et ainsi transmettre à mes enfants l’amour des terres de leurs origines. Il s’agissait pour moi de contribuer, modestement, aux objectifs et volontés de Sa Majesté qui encourage vivement les marocains résidant à l’étranger à investir au Maroc.

Conscient de la nécessité pour le Maroc de poursuivre cette dynamique de développement économique et sociale, je comprends aisément que ma propriété soit sujette à une procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique. Le processus d’expropriation a suivi son cours et a fini par être statuée par la cour de cassation marocaine.

L’objet du litige, qui nous oppose à l’Office National Des Aéroports, est moins le refus de ladite expropriation que le montant proposé pour l’indemnisation. En effet, alors que les terrains environnants se négocient à 200€ le m² (expertise réalisée par un expert assermenté auprès des tribunaux marocains), il nous a été proposé une indemnisation à hauteur de 22€ le m², soit approximativement 10% de la valeur réelle du bien.

Cette décision me plonge aujourd’hui dans un désarroi profond et indicible. Exproprié de ma terre natale en contrepartie d’une indemnisation dérisoire, je n’ai plus de quoi me réinstaller dans des conditions similaires, perdant ainsi le bénéfice d’une vie entière de travail.

Apatride de mes origines, je proteste donc contre les conditions de cette injuste expropriation. Seul face à des interlocuteurs qui ont leurs propres logiques et n’ayant pas non plus trouvé d’interlocuteurs à la hauteur des attentes du Roi s’agissant des MRE, je suis contraint d’entamer, dès aujourd’hui, une grève de la faim.

Mes enfants…je vous aime.
M.Omar OULAD LHADJ
»

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