Le gouvernement a annoncé cette semaine qu’il allait lancer une grande consultation visant à réformer le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM ou plus prosaïquement les « Corrupteurs et Falsificateurs du Culte Musulman… » ), l’instance qui était et qui est encore censée représenter les musulmans de France mais qui cependant n’a jamais réussi à vraiment s’imposer depuis sa création en 2003.

Il s’agit là d’un élément de premier plan pour notre gouvernement. Il vise selon nos politiques à favoriser le “dialogue avec l’Islam”, la sécurité des musulmans et la formation de leurs représentants. Ce nouveau dossier a été étudié mercredi dernier en conseil des ministres.

Les propositions faites devront viser à élargir et diversifier la composition du CFCM. Des proches de Bernard Cazeneuve ont stipulé que cette consultation devrait avoir lieu avant le ramadan, autour du 17 juin.

« Il ne s’agit pas d’une reprise en main, l’État est seulement à l’initiative », a-t-on ajouté, précisant que l’idée serait d’ouvrir le CFCM à des personnalités et à des mosquées autonomes, par exemple.

Le CFCM intervient dans les relations avec le pouvoir politique français, dans la construction des mosquées, dans le marché des aliments Halal, dans la formation de certains imams et dans le développement de représentations musulmanes dans les prisons et dans l’armée française. Dans plusieurs de ces catégories le CFCM a été beaucoup critiqué au sein de la oumma.

Rongée par des conflits internes, rejetée par une grande part de la communauté entre autres choses pour son manque d’affirmation et de soutien lors de grandes affaires d’islamophobies, l’instance créée par Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur n’a jamais réussi à s’imposer comme représentant fort de la communauté musulmane, les différentes fédérations représentées au CFCM et le nationalisme qui va avec et qui normalement n’a pas sa place font que les personnes qui la composent ont de grandes difficultés à s’entendre.

« Notre première réaction a été de dire : enfin. Ils ont compris qu’on ne pouvait plus continuer comme avant avec le CFCM, en maintenant un cadavre en vie artificiellement », a déclaré M’hammed Henniche, secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93). Il est temps de « passer la main, de gré ou de force », a-t-il ajouté, poursuivant que « c’était fini les chibanis. Les jeunes musulmans sont nés ici, ils ont grandi ici . »

Plus cinglant mais si proche des reproches qui lui sont faits, l’islamologue Ghaleb Bencheikh a déclaré dans le journal le Monde que « les 4 à 5 millions de musulmans en France ne se reconnaissent nullement dans des personnages falots et insignifiants, sans aucune compétence théologique ni connaissance de la liturgie islamique. »

Une nouvelle instance de dialogue d’ici à l’été ? Contrôle de la religion ?

Une nouvelle “instance de dialogue” avec l’Islam sera donc créée d’ici à l’été, a affirmé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

« Elle se réunira deux fois par an autour du Premier ministre pour traiter de la formation des imams, de l’abattage rituel et de l’organisation du culte musulman », a précisé Bernard Cazeneuve. Mais il ne s’agit pas d’une reprise en main nous dit-on !

Cependant, Mr Henniche espère que cela pourra faire émerger de nouveaux leaders et qu’« on va faire confiance aux associations implantées localement « .  » Peut-être les musulmans du terrain se sentiront écoutés. Peut-être de nouveaux leaders émergeront. »

Néanmoins nous pensons que c’est encore une structure de plus pour vampiriser les autres, qui n’a et/ou qui n’aura d’utilité et de mérite que d’exister et de représenter qu’elle-même. Une nouvelle coquille vide en somme.

Que cherche vraiment le gouvernement ? Confiant, se dit-il que c’est le bon instant pour imposer sa vision de la religion islamique ? Les sondages du moment lui sont favorables sur cette question !
Même si d’un autre côté les Français font de moins en moins confiance en la politique. Ce même gouvernement qui a créé cette stigmatisation à outrance veut aujourd’hui se faire passer pour le sauveur, la sagesse qui apaisera la fureur “djihadiste” qui habiterait tous les cœurs des musulmans !

Dans un gouvernement où l’on vous fait rappeler à longueur de journée que ce pays est un pays laïc, il est bien curieux que se soit lui qui choisisse les interlocuteurs. Comme l’a souligné le politologue Mohamed Ali-Adraoui, « les pouvoirs publics ne vont pas faire entrer des gens vindicatifs, certainement moins des extrémistes ! » Paradoxe a-t-il dit ?! Selon lui, « cela signifie que l’État français a une vision de ce que doit être le religieux. »

Formations civiques et civiles, des imams plus laïques ?

Pour s’assurer que les imams, qui ont “un rôle fondamental à jouer” pour répondre au défi du radicalisme d’une partie des jeunes musulmans, notamment dans les prisons, l’État va les inciter à suivre des formations civiques et civiles dans les universités qui leur offriront en outre des débouchés.

Sera-t-il question de toucher à la loi 1905 en ce qui concerne la séparation de la religion et de l’État ? Non, les imams seront en droit de ne pas la faire mais l’État va les inciter, elle est facultative et sur la base du volontariat…. mais l’État va les inciter.
Elle n’abordera pas les questions théologiques. Entendrons-nous un jour l’écho d’un fichier des imams ayant refusé de participer à la formation ou alors trouveront-ils un énième subterfuge pour les empêcher de prêcher ? Pessimiste n’est-ce pas ?

Il est question aussi, là encore, d’inciter plus d’établissements d’enseignement musulmans à être sous le régime du contrat avec l’État. Ceux qui ne le sont pas, c’est-à-dire pour le moment une trentaine d’écoles confessionnelles musulmanes hors contrats, verront leurs contrôles renforcés.

Il entend favoriser le développement de la recherche sur sa vision de“ l’Islam de France” et développer un outil de promotion, un projet de fondation serait dans les tiroirs du gouvernement depuis 2005 mais celui-ci, à l’époque, n’avait pas trouvé d’oreilles tendues.

Le gouvernement s’est également engagé à renforcer la sécurité des lieux musulmans, autant d’actes islamophobes ayant été commis depuis les attentats de janvier que pendant toute l’année 2014.

Selon le ministère de l’intérieur il y aurait déjà un millier de lieux de culte musulmans qui bénéficieraient d’une protection, il a été dit aussi que des fonds seraient débloqués pour développer les éléments de sécurisation, comme la vidéosurveillance.

Des questions se posent cependant, qui sera choisi pour revivifier le CFCM ? Qui seront ses dirigeants ? Comment seront-ils choisis et sur quels critères ?
Tous les groupes auront-ils le droit à la parole ? Faudra-t-il que ces hommes soient favorables aux caricatures et contre le communautarisme comme pour le cas d’une offre d’emploi divulguée par nos confrères d’Islam et Info dont nous reviendront ultérieurement dans un prochain post insha Allah.

Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux et cofondateur de l’Association des imams de France ferait partie des “bons” candidats.

Mais selon Mohammed Ali-Adraoui, « la France cherche à mettre en place un Islam d’en haut », il pointe ainsi le reproche déjà fait au CFCM qui n’a fait que préconiser une politique intransigeante et centraliste depuis sa création.
Selon lui tout ceci n’est fait que « pour rassurer une partie de l’opinion française, qui a été largement sonnée » faisant allusion ici aux événements tragiques de Paris. Pour lui ce que tout le monde appelle maintenant Islam de France est structurellement irreprésentable.

Bizarre que notre cher Chalghoumi ne soit pas sur la liste avec tous les efforts qu’il fait pour se montrer à la hauteur !!!! Affaire à suivre……

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