Al Imâm Muhammad Ul Amîn Ibn ‘Âbidîn Al Hanafî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit :

« Il est dit dans Durr Ul Mukhtâr : “Il est interdit de consommer du banj et du hashîsh”.

Le banj est une plante connue sous l’appellation shaykrân dans la langue arabe. Elle grise, provoque la somnolence, abruti et engendre des hallucinations, tel que cela fut expliqué par le Shaykh Dâwud dans At Tadhkirah.

Il est dit dans Al Qâmus : « La plus nocive est la variété rouge, puis vient ensuite la noirâtre ; tandis que la moins nocive est la variété blanche. »

Il est dit également dans Al Qâmus : «As sabt désigne un jour de la semaine [appelé Samedi], mais aussi celui qui dort beaucoup. Al musbit désigne la personne enivrée.»

Et Al Quhistânî a dit : «Il s’agit d’une variété apparentée à l’espèce de plante appelée cannabis (al qinib). Il est formellement interdit d’en consommer car elle enivre. Ceci est l’avis majoritaire (mash-hur) contrairement [au jugement concernant] d’autres [produits enivrants] comme l’opium qui est interdite seulement lorsqu’elle est utilisée dans des quantités pouvant enivrer. C’est ce qu’entend ce qui se trouve dans Al Hidâyah et d’autres textes lorsqu’il y est dit que le banj est permis (mubâh) comme cela fut clarifié dans Al Lubâb.»

Je dis : Ceci n’est pas convaincant. Ceci car toute chose intoxicante est non permise et interdite sans aucun doute ; donc comment quelqu’un peut-il dire que cela est permis (mubâh) ? En réalité, l’avis correct est – et il s’agit probablement de l’intention voulue par l’auteur de Al Hidâyah – il est permis d’en user dans une très petite quantité pour un usage strictement médical, alors que ceux qui ont formellement insisté sur son caractère illicite visaient par là le fait d’en user d’une quantité telle que cela pouvait droguer.

Ceci est prouvé dans le commentaire de Ghâyat Ul Bayân où il est dit : «Consommer [de quelque manière que ce soit] une très petite quantité de saqmûniyâ ou de banj est permis pour un usage strictement médical, tandis que tout ce qui va au-delà et qui peut causer la mort ou l’enivrement est formellement interdit. » [Radd Ul Muhtâr].

Les drogues – qu’elles soient dites douces ou dures – sont donc formellement interdites en Islâm, sauf pour un usage médical particulier comme pour les anesthésies locales ou générales, ou un usage similaire.

Et Al Hâfiz Shams Ud Dîn Adh Dhahabî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) compta la consommation de drogue comme faisant partie des plus grands péchés en Islâm. Il a dit ainsi sur le sujet dans son Kitâb Ul Kabâ°ir :

« Le hashîsh fabriqué à partir des feuilles de cannabis est interdit comme l’est l’alcool. Son consommateur subit la même peine que celle infligée au buveur d’alcool (à savoir de 40 à 80 coups de fouet selon les avis). Le hashîsh est pire que l’alcool : il détruit la raison et transforme le caractère. Il rabaisse l’individu à un état de faiblesse et d’avilissement et le mène vers toutes sortes de turpitudes. Par un autre aspect, l’alcool est plus ignoble : sa consommation engendre bagarres et violences ; mais ces deux produits, de toute façon, détournent de la remémoration d’Allâh (qu’Il soit exalté) et de la prière.

Certains juristes de notre époque (8ème siècle de l’Hégire) se sont arrêtés à déterminer la peine de la drogue, la limitant à une réprimande moindre : ils ont considéré qu’elle affecte la raison, mais n’entraîne pas de dévergondages, la jugeant ainsi du même degré qu’un produit anesthésiant, et cette opinion postérieure des savants veut se justifier par le fait que les Salaf n’ont pas émis d’opinion à son sujet !

Cependant cet avis n’est pas fondé, car ceux qui consomment le hashîsh se sentent dans un état d’euphorie et d’exaltation, et ils deviennent dépendants comme c’est le cas pour l’alcool, ou même plus. Ils sont détournés, par son effet, de la remémoration d’Allâh (qu’Il soit exalté) et la prière. S’ajoute à cela, ce qui survient sur le plan moral : la passivité devant le vice, ainsi que la perte de toute vitalité ; la raison en est affectée…

Les juristes divergent aussi au sujet de l’impureté du hashîsh. La question s’est posée, car il s’agit là d’un produit solide qui se consomme sans être buvable pour autant !

3 opinions résultent de cette divergence, où sont intervenus l’Imâm Ahmad Ibn Hanbal :

* Il est impur tout comme l’alcool, et cette opinion est à considérer comme la plus correcte.
* Il n’est pas impur lorsqu’il est solide.
* On différencie entre ce qui est solide et ce qui est liquide.

De toute manière, la drogue fait partie de ce qui enivre, et qu’Allâh et Son Prophète ont interdit. S’applique sur elle la définition de l’alcool, que ce soit du point de vue du fond ou du point de vue de la forme !

Abû Mûsâ a demandé au Prophète (que Le Salut et La Paix d’Allâh soient sur lui) : « Ô Prophète d’Allâh ! Donne-nous une réponse quant à ces deux boissons que nous avons l’habitude de fabriquer au Yémen nommées al bat’u (miel fermenté), et al mazru (c’est une boisson que l’on fabrique à base de maïs et d’orge, puis que l’on laisse fermenter jusqu’à ce qu’elle soit levée). »

Abû Mûsâ a ajouté : « Allâh a donné à Son Messager (que Le Salut et La Paix d’Allâh soient sur lui) toute l’éloquence ! Il répondit simplement (que Le Salut et La Paix d’Allâh soient sur lui) : « Tout produit enivrant est interdit. ». » [Rapporté par Muslim].

Le Prophète (que Le Salut et La Paix d’Allâh soient sur lui) a dit aussi : « Tout produit dont une grande quantité enivre voit sa quantité la plus petite être également interdite. »

Le Prophète (que Le Salut et La Paix d’Allâh soient sur lui) n’a pas fait de distinction entre une catégorie ou l’autre, parce qu’il s’agit d’un aliment ou d’une boisson. Car on peut même fabriquer du pain en introduisant de l’alcool dans sa composition. On peut aussi faire fondre de la drogue dans une boisson et la boire : l’alcool se oit ou se mange, de même que la drogue. Et si les savants qui nous ont précédés ne se sont pas intéressés à ce sujet particulièrement, c’est parce qu’ils ne connaissaient pas ce produit qui ne s’est répandu en terre d’Islâm qu’avec les invasions tartares.

Nous présentons ici ce qu’a dit un poète à ce sujet : « Celui qui le consomme et celui qui le cultive le jugent licite, et en vérité, ce ne sont là que deux malheureux ! Par Allâh ! Le diable n’a jamais été aussi heureux et aussi joyeux, qu’en voyant la consommation du hashîsh se propager ; et aux âmes viles, il l’a maquillé ! (Celles qui cherchent la bassesse jusqu’à même le tolérer ! »

Un autre poète a dit aussi : « Dis à celui qui consomme le hashîsh par ignorance : la vie que tu mènes, par son usufruit, est en vérité la plus vile ! L’homme a valeur de pierres précieuses ; pourquoi donc, frère de l’ignorance, l’as-tu vendue pour du hashîsh ? »

[…] Qu’Allâh (qu’Il soit exalté) veuille faire de nous des adorateurs obéissants, et qu’Il nous évite l’œuvre des pervers ! Il est, certes, Le Très-Généreux par excellence ! »»

Tel est le jugement de l’Islâm concernant les drogues. Et qu’Allâh préserve les musulmans et les musulmanes de ce fléau qu’est la consommation de drogue et autres produits enivrants. Allâhumma Âmîn.

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