Menacés de mort pour avoir osé dénoncer les tortures perpétrées par l’armée sioniste, Eitan Bronstein et Eléonore Merza ont en récemment fait les frais. Considérés comme « traitres » par les pro-sionistes, ils ont reçu un grand nombre de lettres de menace, dont l’une au message assez évocateur, indiquant que leur mort aurait lieu « avant la fin du mois de mai » avant d’ajouter : « qu’ils périssent dans les flammes de l’Enfer ».

En réponse, les deux militants « anticolonialistes » et « antisionistes » ont opté pour l’humour. Loin de se laisser impressionner, ces derniers ont publié sur Facebook le post suivant : « Dépêchez-vous les mecs, reste plus qu’une demi-heure ! PS: un peu cheap les menaces par rapport aux dernières, on se ramollit ».

Voici l’interview de ces 2 juifs antisionistes, publiée sur le site lecourrierdelatlas.

Est-ce la première fois que vous recevez ce genre de menaces ?
Non. Mais cela n’arrive pas non plus tous les jours : de temps à autre, on nous rappelle qu’on dérange. Par exemple, dès 2002, juste après la création de Zochrot, Eitan a reçu un coup de fil le menaçant de mort. En 2013, une “pulsa di nora” a été prononcée contre lui : après Itzhak Rabin [NDRL : l’ancien Premier ministre assassiné par un extrémiste juif en 1995], contre qui une “pulsa di nora” avait été prononcée, Eitan a été condamné à « mourir pour cause d’incitations constantes et répétées contre le sionisme et Israël ». Je précise que « la “pulsa di nora” signifie “les mèches du feu” en araméen : c’est une cérémonie kabbalistique de malédiction dans laquelle on invoque les feux du ciel pour foudroyer le “pêcheur”. L’année dernière ou bien il y a 2 ans, je ne me rappelle plus exactement, il y a eu sur Facebook une photo d’Eitan avec son nom et son lieu de travail avec un appel au boycott qui s’est rapidement transformé en appel au meurtre …

Quand avez-vous reçu cette lettre ?
La lettre est arrivée au bureau de Zochrot il y a quelques jours. Par contre, ils sont très mal renseignés parce qu’Eitan a quitté Zochrot en janvier dernier mais bon… Nous avons été avertis hier seulement, [NDLR dimanche 31 mai]…

Comptez-vous porter plainte ?
Non, nous n’allons pas porter plainte. On ne voit pas exactement ce qui pourrait être fait par la police israélienne. Elle va sans doute répondre que ce n’est pas de leur ressort : la menace émane des Etats-Unis. On a demandé à l’équipe de Zochrot de nous envoyer la lettre pour voir si on peut trouver d’autres informations. En publiant ces menaces sur Facebook, en les rendant publiques, pour nous, c’est une façon de se protéger. On l’a fait avec humour, c’est vrai, mais c’est notre façon de rendre visible la menace…

Plus généralement, est-il difficile d’être antisioniste en Israël ?
«Non, ce n’est pas facile d’être à contre-courant et d’être si marginal face au consensus actuel. En Israël, beaucoup nous considèrent comme des traîtres ou “self-hating Jews”. C’est-à-dire que pour eux, nous serions des Juifs qui se détestent. Dans le langage politique, cette expression comporte même une connotation antisémite. Pour eux, il est insupportable qu’on fasse justement la distinction entre judaïsme et sionisme. C’est plus difficile pour eux de nous condamner. La société israélienne ne nous soutient pas évidement mais on peut quand même travailler, organiser des événements de temps en temps, comme il y a quelques jours, où nous avons pu “commémorer” la Nakba à l’Université de Tel Aviv. On arrive même à publier des choses, y compris en hébreu, très radicales. Nous continuons notre combat, persuadés que nous sommes du côté de la justice.»

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