Le Conseil d’Etat confirme les dissolutions du CCIF et de BarakaCity par le gouvernement

La plus haute juridiction administrative de France a confirmé la décision du gouvernement de fermer la plus grande organisation caritative musulmane du pays et la plus grande organisation anti-islamophobie.

BarakaCity et le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) ont été fermés fin 2020 après l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty, avec lequel aucune des deux organisations n’avait de lien.

Néanmoins, vendredi, le Conseil d’Etat a donné raison au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui, peu après la décapitation de l’enseignant, a accusé les deux organisations d’« incitation à la haine » et de « propagande islamiste ».

Darmanin les a fermés en vertu du Code de la sécurité intérieure qui permet de dissoudre les groupes qui « provoquent la discrimination, la haine ou la violence envers une personne ou un groupe de personnes… (et) soit propagent des idées ou des théories tendant à justifier ou à encourager cette discrimination, ce la haine ou cette violence ou encore ceux qui se livrent… à des actes en vue de provoquer des actes de terrorisme.

Répondant à la décision, Darmanin l’a décrite comme « une étape importante dans la lutte contre l’idéologie islamiste ».

D’un autre côté, les deux organisations ciblées ont dénoncé la décision comme profondément islamophobe.

BarakaCity, qui comptait des millions de bénéficiaires dans le monde, a déclaré : « Cette décision, qui n’est pas une surprise, est cohérente avec le climat anxiogène et anti-islam en France… Les musulmans en France font l’objet d’une intense couverture médiatique. et les institutions étatiques sont utilisées pour contrôler et diminuer notre foi…

« Une ONG musulmane a été dissoute sans jamais avoir été poursuivie ni condamnée… Le message envoyé à toute la communauté musulmane muselée est haut et clair… comme le souhaitait Darmanin…

« Ces derniers mois ont été riches en enseignements, mais nous ont aussi permis d’élargir nos horizons. D’importants travaux ont été réalisés et se poursuivent. Notre avenir, heureusement, ne dépend pas d’un agenda politique et nos actions se poursuivront. C’est aussi le message que nous voulons envoyer à ceux qui perdent parfois espoir. Allah suffit et Il est sans aucun doute le meilleur garant. Sa sagesse est infinie et ses plans sont les meilleurs. »

Le CCIF, organisation de défense des droits humains qui apporte chaque année un soutien juridique à des milliers de personnes ciblées en raison de leur confession musulmane en France, a déclaré : « Cette décision, de par sa cible et ses motivations, est un tournant majeur dans l’institutionnalisation politique dure et répressive en France.

« Nous exprimons notre profonde inquiétude face à une décision qui ouvre la voie à faire de l' »opinion » un délit désormais incité par la plus haute juridiction administrative de France. Les motifs avancés par la décision du Conseil d’État contre le CCIF portent directement atteinte à ce qui constitue le cœur de notre travail en tant qu’organisation de défense des droits humains : le plaidoyer auprès des gouvernements et des institutions.

« Le Conseil d’État a constaté à l’issue d’une audience qui n’a duré pas plus de 10 minutes que le seul et principal grief à adresser au CCIF est sa définition de l’islamophobie institutionnelle. Les griefs allégués par le ministère de l’Intérieur – notamment celui d’apologie du terrorisme – ont été balayés.

« Le CCIF a été directement critiqué pour avoir dénoncé l’islamophobie auprès des institutions publiques et de l’administration. Pour le Conseil d’État cela suffit à constituer une incitation à la haine qui irait au-delà de la protection de la liberté d’expression. »

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