Avec la politique migratoire protectionniste des Etats-Unis et le « Muslim Ban » de Donald Trump en 2017, l’Islam aux Etats-Unis est aujourd’hui considéré comme le résultat de la migration des populations musulmanes, faisant de l’Islam une religion relativement nouvelle dans le pays du rêve américain.

Pourtant, la présence de l’Islam sur le territoire américain revient au temps des Pères fondateurs des États-Unis à la fin du XVIIIe siècle. La cinquantaine des signataires de la Déclaration d’Indépendance et de la Constitution des États-Unis avaient cherché à inclure l’établissement des principes de la liberté de culte et de religion, englobant ainsi l’Islam dans leur perception de la place que devrait occuper toutes les religions dans l’avenir de la république.

Thomas Jefferson, l’un des pères fondateurs, déiste, homme des Lumières et fervent défenseur de l’idée républicaine, possédait un exemplaire du Coran. Il défendait la tolérance et la liberté de culte dans son État de Virginie « la reconnaissance des droits religieux pour le musulman, le juif et le païen ».

En 1788, lors d’une convention d’Etat en Caroline du Nord sur la ratification de la Constitution fédérale nouvellement établie, ceux qui s’y opposaient relevaient que l’article VI de la Constitution stipulait la possibilité d’avoir un président américain musulman. En effet, l’article VI de la Constitution américaine adoptée depuis 1787 légifère :

aucune profession de foi religieuse ne sera exigée comme condition d’aptitude aux fonctions ou charges publiques sous l’autorité des États-Unis.

En plus de cette consécration de la religion dans la constitution, l’Islam fut bel et bien accepté aux États-Unis à travers un autre pilier primordial du pays : la justice. En effet, la sculpture du prophète Muhammed (saawa) figure sur le mur Nord de la Cour Suprême des États-Unis au milieu de la grande frise sculptée dans la pierre et ce depuis les années 1930.

D’après l’historien Sam Haselby, membre du corps enseignant des universités américaines de Beyrouth et du Caire, la langue originelle de l’Islam et la religion musulmane seraient arrivées en Amérique dès 1492.
En 1503 les musulmans, qui étaient principalement originaires d’Afrique de l’Ouest, débarquèrent dans le Nouveau monde et donc aux États-Unis.

Mustapha Zemmouri fait parti de ces musulmans arabes qui ont survécu aux expéditions désastreuses menées par les gouverneurs espagnols. Originaire des côtes marocaines, il est arrivé en Floride et y a refait sa vie. Il a lutté contre la servitude envers les peuples autochtones et devint un médecin reconnu et respecté.

Sam Haselby déclare que les musulmans vivaient en Amérique non seulement avant les protestants, mais aussi avant le protestantisme. Il ajoute aussi qu’après le catholicisme, l’Islam était la deuxième religion monothéiste des Amériques.
Pour cet historien, la mise sous silence de l’histoire du parcours des premiers musulmans d’Amérique soulève la problématique de l’appartenance politique tel qu’elle est pensée aujourd’hui. Sam Haselby déclare dans « Muslims of early America » :

Le monopole virtuel anglo-protestant sur l’histoire de la religion en Amérique a occulté la présence d’un demi-millénaire de musulmans en Amérique et a rendu plus difficile la recherche de réponses claires à des questions importantes concernant l’appartenance, à savoir qui est Américain, et selon quels critères.

Peter Manseau, conservateur de l’histoire religieuse américaine au Musée National d’Histoire Américaine explique dans les colonnes du New York Times que la négligence de l’histoire musulmane des États-Unis revient à l’impossibilité pour eux de pratiquer à l’époque leur foi, et pour la plupart l’incapacité de laisser des traces de leur religion ou de leurs croyances. Toutefois, Peter Manseau écrit que leur empreinte est bien plus que présente et démontre que l’Islam a une tradition et des racines profondes aux États-Unis, au grand regret de Donald Trump.

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