Le Prince Hamza, demi-frère du roi Abdallah II est accusé d’avoir voulu déstabiliser le régime et d’avoir porté atteinte à la sécurité du pays. Une quinzaine d’autres personnes proches du pouvoir ont également été arrêtées. C’est le ministre des affaires étrangères et vice-Premier ministre Aymane Safadi qui a annoncé la nouvelle dimanche.
L’ancien prince héritier de Jordanie dit avoir été assigné à résidence dans le cadre d’une répression contre les critiques.
Dans une vidéo transmise à la BBC par son avocat, le prince Hamzah bin Hussein, le demi-frère du roi Abdallah, accuse les dirigeants du pays de corruption, d’incompétence et de harcèlement.
Cela fait suite à un certain nombre d’arrestations de haut niveau qui seraient liées à un prétendu complot de coup d’État.
« Le directeur de cabinet a rencontré son Altesse le Prince Hamzah pour lui demander d’arrêter toutes ses activités et tous ses mouvements qui menacent la Jordanie et sa stabilité. M ais son Altesse n’a pas répondu et a réagi négativement à cette demande, en ignorant les intérêts de la Jordanie et de son peuple« , a précisé le vice-Premier ministre Aymane Safadi.
Mais il a indiqué qu’il avait reçu l’ordre de mettre un terme aux actions qui pourraient être utilisées pour viser « la sécurité et la stabilité » de la Jordanie.
Cette décision intervient apparemment après une visite du prince aux chefs tribaux où il aurait recueilli un certain soutien.
Le prince Hamzah a nié tout acte répréhensible et a déclaré qu’il ne faisait partie d’aucune conspiration.
Pendant ce temps, les puissances régionales, notamment l’Égypte et l’Arabie saoudite, ont exprimé leur soutien au roi Abdallah. Les États-Unis, qui sont alliés à la Jordanie dans leur campagne contre Daech, ont décrit le monarque comme un partenaire clé qui a son plein soutien.
La Jordanie dispose de peu de ressources naturelles et son économie a été durement touchée par la pandémie de Covid-19. Il a également absorbé des vagues de réfugiés de la guerre civile en Syrie voisine.
De quoi le prince est-il accusé ?
Répondant aux retombées de dimanche, M. Safadi a déclaré que le prince Hamzah avait utilisé les vidéos pour déformer les faits et inciter à l’empathie, selon l’agence de presse officielle Petra.
Il a déclaré lors d’une conférence de presse que le prince était en liaison avec des parties étrangères pour déstabiliser le pays et qu’il était surveillé depuis un certain temps.
Le prince est accusé de chercher à mobiliser des «chefs de clan» contre le gouvernement.
Mais l’intrigue avait été « étouffée dans l’œuf », a déclaré Petra citant le vice-Premier ministre.
M. Safadi a poursuivi en affirmant qu’un homme ayant des liens avec les services de sécurité étrangers avait offert à l’épouse du prince Hamzah, la princesse Basmah, un vol hors de Jordanie. Il n’a pas précisé quel service de sécurité étranger était apparemment impliqué.
Que dit le prince ?
Dans la vidéo enregistrée samedi, il dit que le chef de l’état-major lui a dit qu’il n’était pas autorisé à sortir ou à communiquer avec les gens en raison des critiques du gouvernement ou du roi exprimées lors de réunions où il avait été présent.
? URGENT: Le prince Hamza vient d’envoyer une vidéo à la BBC affirmant qu’il est assigné à la résidence surveillée, que sa garde personnelle lui a été retiré ainsi que tout les moyens de communication dont son service internet. pic.twitter.com/axQSLUrWNT
— Hona al-Qods (@SawtQods) April 3, 2021
Il dit qu’il n’a pas été accusé d’avoir lui-même fait les critiques.
Cependant, il a poursuivi en disant: « Je ne suis pas la personne responsable de l’échec de la gouvernance, de la corruption et de l’incompétence qui prévaut dans notre structure de gouvernance depuis 15 à 20 ans et qui a empiré … Et je ne suis pas responsable du manque de confiance des gens dans leurs institutions.
« Il a atteint un point où personne n’est capable de parler ou d’exprimer une opinion sur quoi que ce soit sans être intimidé, arrêté, harcelé et menacé. »
Les tensions au sein de la maison royale étaient visibles depuis un certain temps, a déclaré la journaliste jordanienne Rana Sweis à la BBC.
« L’ancien prince héritier est également considéré comme populaire. Il a une ressemblance très franche avec son père, le roi Hussein, et il est également très populaire auprès des tribus locales », a-t-elle déclaré.
