
La guerre à Gaza est devenue le conflit le plus meurtrier de l’histoire moderne pour ses victimes les plus vulnérables : les enfants et les journalistes. Le ciblage délibéré des journalistes constitue une grave violation du droit international humanitaire, en contradiction directe avec les protections accordées à tous les civils par les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels. Le meurtre d’enfants est un acte brutal visant à effacer l’avenir du peuple palestinien, qui portera un jour la lutte pour la liberté et l’indépendance. Quant aux journalistes, ils sont les yeux et les oreilles du monde, chargés de rapporter ce qu’Israël fait à Gaza et au-delà. En interdisant aux médias internationaux un accès indépendant à Gaza, Israël s’assure que les seuls témoins restants de ses actions sont les journalistes locaux qu’il continue de tuer. Il s’agit d’une stratégie délibérée pour créer un vide informationnel et agir en toute impunité, réduisant au silence les voix qui révéleraient l’ampleur de la vérité.
Au-delà du champ de bataille, la stratégie d’Israël visant à museler la presse se reflète dans ses accusations constantes et souvent infondées de partialité. Le gouvernement israélien a un historique documenté de ciblage d’Al Jazeera, un réseau vital pour la couverture sur le terrain à Gaza. Par exemple, en octobre 2024, l’armée israélienne a accusé six journalistes d’Al Jazeera d’être membres du Hamas ou du Jihad islamique, en citant des documents qu’elle prétendait avoir trouvés à Gaza. Al Jazeera a immédiatement rejeté cette accusation comme « fabriquée », et des organisations de défense de la liberté de la presse comme le Committee to Protect Journalists (CPJ) ont rappelé qu’Israël avait déjà produit par le passé des documents contenant des « informations contradictoires », souvent pour justifier rétrospectivement le meurtre de journalistes.
Le nombre stupéfiant de journalistes tués dans ce conflit montre que la campagne militaire d’Israël est plus qu’une guerre contre un peuple ; c’est une guerre systématique contre la presse libre. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, par la voix de son porte-parole Thameen Al-Kheetan, au moins 247 journalistes ont été tués par Israël depuis le 7 octobre 2023. En interdisant l’accès aux journalistes étrangers tout en assassinant des journalistes palestiniens, la politique israélienne n’est pas un tragique accident de guerre. C’est une stratégie délibérée d’impunité, conçue pour contrôler le récit et faire taire les voix qui exposeraient l’ampleur de la catastrophe humanitaire. La majorité de ces victimes sont des journalistes palestiniens qui ne faisaient que rapporter la dévastation de leurs communautés. Ce n’est pas un dommage collatéral accidentel, mais une campagne glaçante et calculée visant à créer un vide informationnel. Les rapports d’organisations comme le CPJ et Reporters sans frontières (RSF) confirment un schéma délibéré de ciblage des journalistes et de leurs familles, défiant toutes les normes de la guerre et rendant mensongère la prétention que ces victimes seraient de simples « dommages collatéraux ».
Prenons l’exemple des attaques contre l’hôpital Nasser de Gaza, le 25 août 2025, où les forces israéliennes ont tué journalistes et civils. Selon de nombreux témoins, une première bombe a frappé une zone désignée pour les médias. Alors que journalistes et secouristes accouraient pour couvrir les suites de l’attaque, une seconde frappe, dite « double frappe », a touché exactement le même endroit. Si cela avait réellement été un « tragique accident », comme l’a affirmé Benjamin Netanyahu, il n’y aurait pas eu de deuxième frappe sur la même zone. L’intervalle entre les deux frappes était largement suffisant pour que le commandant quel qu’il soit reconnaisse l’erreur et stoppe l’attaque. Malgré cela, l’armée israélienne a tenté de justifier cette attaque par une autre accusation infondée, prétendant que la cible était une caméra du Hamas installée dans le bâtiment.
Quand le correspondant vedette d’Al Jazeera, Anas al-Sharif, a été tué dans une frappe aérienne le 10 août 2025, l’armée israélienne a immédiatement affirmé qu’il était le « chef d’une cellule terroriste ». L’accusation a été largement relayée par les porte-paroles militaires et gouvernementaux mais n’a jamais été appuyée par des preuves crédibles. Al Jazeera et le CPJ ont rapidement rejeté cette allégation, la qualifiant de tentative transparente de justifier le meurtre d’un journaliste. Ce schéma consistant à accuser les journalistes d’être des « agents terroristes » sans fournir de preuves est une tactique vieille de plusieurs décennies, visant à blanchir a posteriori leur assassinat et à délégitimer leur travail.
Parallèlement, Israël et ses relais médiatiques locaux comme internationaux ont été pris en flagrant délit de mensonges et de désinformation depuis les attaques du 7 octobre. Un exemple notable est l’affirmation largement relayée mais non vérifiée selon laquelle des combattants du Hamas auraient décapité des dizaines de bébés israéliens. Cette version a été présentée comme un fait par le Premier ministre israélien lui-même lors d’un appel à Joe Biden, qui a à son tour diffusé cette accusation avant que la Maison-Blanche ne soit contrainte de rectifier, précisant que Joe Biden n’avait vu aucune preuve photographique de tels crimes. Malgré cette rétractation, le mensonge a persisté, compliquant la diffusion d’informations fiables et renforçant la nécessité d’un accès indépendant des médias à Gaza.
En restreignant systématiquement l’accès aux journalistes étrangers, Israël garantit que la principale source d’information provient de reporters palestiniens locaux. Quand ces derniers sont tués puis calomniés par des accusations non fondées, le message adressé à toute la profession est clair : rapporter la vérité, c’est mettre sa vie en danger. Mais le monde n’est pas aveugle à cette stratégie. Une coalition de 28 gouvernements, dont des alliés occidentaux clés, a publiquement demandé à Israël « d’autoriser immédiatement un accès indépendant des médias étrangers » à Gaza et de cesser ses attaques contre la presse un constat accablant confirmant que la liberté de la presse est systématiquement réprimée.
Par le passé, des dirigeants israéliens ont exprimé un mépris pour l’opinion internationale, un sentiment résumé par l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin qui déclarait souhaiter que Gaza « coule dans la mer ». Cette campagne délibérée visant à « tuer le message en tuant le messager » s’inscrit dans une longue tradition de contrôle total de l’information. C’est une nouvelle forme de guerre de l’information. En créant un quasi-blackout médiatique, puis en éliminant méthodiquement les seuls reporters capables de documenter la réalité, Israël a créé un espace où il agit en toute impunité. C’est une stratégie de destruction calculée, visant à priver le monde d’une vision non filtrée du conflit. La guerre ne se mène pas seulement avec des bombes et des chars, mais aussi par une campagne brutale et implacable de répression de la presse libre un coût qui inclut une perte terrifiante de vies et une profonde atteinte à l’intégrité journalistique.
Alors que le monde pleure les journalistes palestiniens tués à Gaza, Israël poursuit sans relâche sa politique meurtrière. Le temps est venu de dépasser les condoléances creuses adressées aux victimes innocentes, et de se concentrer sur la nécessité de tenir Israël pour responsable.



























