C’est à l’institut Pasteur d’Algérie, situé près du Jardin d’essai et du Musée nationale des beaux-arts à Alger, le docteur Étienne Sergent a inventé ce remède miraculeux contre le venin mortel du scorpion.

Le docteur français né en Algérie le 13 août 1878 a fait toute sa carrière en Algérie à l’institut Pasteur. Il a d’abord chargé de mission permanente de 1900 à 1909 avant de devenir médecin chercheur et vouer sa carrière aux travaux de recherches sur le paludisme et les maladies infectieuses.

Le « péril scorpionique » comme l’avait appelé un médecin de l’époque, tuait plus que les serpents :

Les piqûres de scorpions causent chaque année en Algérie beaucoup plus de cas de mort que les morsures de serpents venimeux (vipères à cornes, vipères lébétines, naja etc).

Au début du 20ème siècle, les recherches débutaient à peine et n’ont donné que peu de résultats. Le docteur Maurice Arthus avait évoqué le sérum antiscorpionique en 1913 après son étude sur le scorpion égyptien. Néanmoins sa formule n’était pas très efficace et nécessitait des améliorations conséquentes. Le docteur Etienne Sergent s’est donc lancé dans cette aventure scientifique :

C’est pourquoi nous avons instauré la préparation à l’Institut Pasteur d’Algérie d’un sérum antiscorpionique (…) Comme il est impossible d’obtenir en quantités pondérables du venin de scorpion, nous utilisons la poudre obtenue par le broyage des telsons.

Et c’est en 1936, après plusieurs années de recherches, qu’il révèle sa découverte sous le titre : « Obtention d’un sérum actif contre le venin de scorpion ».

Il n’a pas fallu longtemps pour obtenir des résultats probants. Entre 1937 et 1940, 84% des cas d’envenimation scorpionique avait été guéris. Pour la seule année de 1940, 35 cas graves ont été pris en charge dont 29 avaient guéri. En 1947, 531 cas désespérés ont été traités dont 134 étaient sur le point de mourir.

La proportion des sujets sauvés d’une mort imminente est donc d’environ 89%.

Le docteur relevait que les régions « hantées par les scorpions les plus dangereux étaient les Oasis sahariennes et les steppes ». Mais son remède était efficace contre tout type de scorpion :

On a vérifié que ce sérum est efficace contre le venin de tous les scorpions de l’Afrique du Nord.

De nos jours, le combat contre les piqûres de scorpion continue. Le ministère de la Santé algérien relève en 2016 plus de 43 000 cas d’envenimation scorpionique. 47 personnes n’ont pas pu être sauvées. Des chiffres toutefois en baisse par rapport à l’an 2000 où 150 personnes avaient perdu la vie, piqués par des scorpions.

Les recherches continuent et en attendant de nouvelles inventions, les « chasseurs de scorpions » sont récompensés : 80 dinars (40 centimes d’euros) pour chaque scorpion capturé et remis à l’Institut Pasteur d’Algérie.

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