Jamel Debbouze et Gad Elmaleh

CopyComic est un vidéaste anonyme qui a fait trembler les têtes d’affiches de l’humour français ces derniers mois. En publiant des vidéos YouTube, ce « justicier anonyme » démontre explicitement que Jamel Debbouze, Gad Elmaleh, Tomer Sisley, Arthur, Michaël Youn et de nombreux autres comiques ont littéralement copié des blagues de leurs homologues américains.

Après des semaines de tentatives, Vanity Fair a finalement réussi à entrer en contact avec celui qui a semé la panique chez les stars.

Notre conversation commence par e-mail à 16 h 05 le 14 juin 2019. CopyComic veut bien répondre à mes questions, mais à condition d’en poser le cadre, comme le ferait un homme recherché par la justice : pas de rencontre, pas d’appel, pas de SMS, des horaires fixes pour des e-mails prévus des jours à l’avance. Un temps, il avait songé à utiliser des téléphones jetables pour communiquer, mais il a trouvé ça « too much ». Enfin, il se présente sous le prénom de « Ben ».

Les semaines passent et toujours pas d’échange, jusqu’au 4 juillet :

Il me faudra négocier durant des semaines pour avoir un échange avec lui en temps réel : « Je suis en ligne, m’écrit-il le 4 juillet à 19 h 31. J’attends votre e-mail pour lancer la discussion. »

CopyComic explique comment il a commencé :

Sur ses débuts, il explique avoir eu la révélation durant un spectacle de Tomer Sisley où il aurait repéré des emprunts. Il ne veut pas être qualifié de « lanceur d’alerte » : « Ce terme me paraît bien plus à propos quand il s’agit de sujets sociétaux graves ou d’ordre démo­cra­tique. »

Il répond également sur son anonymité :

Pourquoi demeurer anonyme ? « Mon identité n’a aucune importance. C’est aussi le meilleur moyen de ne pas “personnaliser” le sujet et de rester sur le fond et non sur la forme, sur le message et non sur le messager. » Très bien, mais pourquoi ne pas assumer ses révélations ? (…) « Allez dire cela à tous ceux qui ont reçu des coups de pression car on les a soupçonnés d’être CopyComic, répond-il. Faire croire qu’il serait facile de faire cela sans être anonyme, c’est nier la réalité et, au pire, être malhonnête. »

Il s’explique sur la raison de son engagement :

Alors pourquoi s’embarquer dans une telle galère. Par détestation de certains humoristes ? Pas du tout. À l’en croire, il apprécierait la plupart de ceux qu’il a épinglés. Certains spectacles l’amusent toujours. « Ce n’est pas parce que c’est en partie copié qu’il faudrait ne plus rire ou tout jeter ou ne pas reconnaître le talent d’un artiste. » Il en profite pour louer « la créativité des humoristes français », en concédant que « l’effet de loupe apporté par [ses] vidéos pousse à généraliser à tort. »

Une écriture sobre, aucune expression « jeune », pas d’abréviations ni de smiley et un style presque littéraire. À le lire, on se dit que CopyComic semble animé par un sentiment de justice. Prévient-il ses victimes avant de diffuser leur vidéo ?

« Ce n’est pas mon rôle, expose-t-il. Je présente les curieuses similitudes trouvées après avoir vérifié certains éléments comme je le peux, puis la vidéo sort. Si, après, certains veulent me contacter pour en discuter pour me dire que je me trompe, c’est leur droit, et ma messagerie a toujours été ouverte. »

Pourquoi aucune femme ne figure dans son tableau de chasse ?

Elles sont moins nombreuses sur scène, commence-t-il par noter. « Et elles savent qu’elles se doivent d’être irréprochables, car absolument rien ne leur sera pardonné, suppose-t-il. Du coup, l’exigence qu’elles ont envers leur propre éthique est peut-être plus grande. » Ben travaille dans le monde du spectacle et c’est tout ce qu’il veut bien dire à son sujet. Pour le reste, il laisse chacun mener son enquête. »

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