Sur la côte du Gujarat, à Alang, le plus grand chantier de démantèlement de navires au monde traverse une crise profonde. Autrefois saturé de coques géantes, le site voit aujourd’hui très peu de navires arriver. Cette ville concentre pourtant près de 98 % du recyclage naval indien et environ un tiers du volume mondial. Des milliers de travailleurs vivent désormais au rythme de rares arrivées.
Depuis les années 1980, plus de 8 600 navires ont été démantelés à Alang grâce à ses marées favorables et à ses coûts réduits. Mais la tendance s’est inversée depuis plus d’une décennie. En 2011-2012, 415 navires y avaient été recyclés, contre une chute drastique aujourd’hui. Sur 153 parcelles, seules une vingtaine fonctionnent encore, souvent à moins de 25 % de leur capacité.
La baisse s’explique notamment par la conjoncture mondiale du transport maritime. La forte demande post-Covid, les détournements de routes maritimes et la hausse des coûts ont poussé les armateurs à prolonger la vie de leurs navires. Par ailleurs, la mise en conformité avec la Convention de Hong Kong a amélioré la sécurité et l’environnement, mais a fortement augmenté les coûts. Alang ne peut plus rivaliser avec les prix proposés par le Bangladesh ou bien même la Chine.
Ce ralentissement affecte toute l’économie locale. Des centaines de commerces, d’usines et de transporteurs dépendent du recyclage naval. L’emploi a chuté de plus de 60 000 travailleurs à moins de 15 000 aujourd’hui. Malgré des conditions de travail plus sûres qu’autrefois, l’absence de navires menace l’avenir d’Alang. Pour beaucoup, tout dépend désormais de l’arrivée du prochain bateau.






























