Voici l’histoire insolite d’une femme égyptienne qui a été dans l’obligation de porter des vêtements qui n’étaient pas les siens pendant plus de quarante ans de sa vie.
En effet, Sisa Abu Daooh s’est déguisée en homme dans le but de subvenir aux besoins de sa famille après la mort de son mari. Elle a été honorée mardi dernier par le gouvernement comme étant la « mère idéale ».

La Direction de la Solidarité sociale de Louxor a déclaré avoir décerné le prix de la « femme soutien de famille » à Sisa Abu Daooh, 64 ans, pour ses années de dur labeur et de prévoyance envers sa fille et ses petits-enfants.

Sisa Abu Daooh a perdu son mari alors qu’elle était enceinte de son premier enfant, après l’accouchement elle s’est alors retrouvée sans revenu.

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Elle a cherché un emploi en tant que femme, mais sa situation a été compliquée par une culture locale qui s’oppose au sexe féminin sur les lieux de travail, ce qui l’a donc forcé à s’habiller comme un homme et travailler à l’extérieur pour soutenir sa petite fille Houda.

Elle a travaillé dans la fabrication de briques en passant par ouvrier agricole ou cireur de chaussures dans la rue entre autres emplois.
Finalement, elle a marié sa fille à un homme qui plus tard est tombé malade et ne pouvait donc plus travailler. Elle a toujours été une femme débrouillarde, Abu Daooh a maintenu son travail pour soutenir sa famille.

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Elle a réussi à tromper le monde en troquant son hijab pour un turban blanc et des chaussures noires pour homme.

« J’ai préféré travailler dur, porter des briques ou des sacs de ciment, cirer des chaussures, plutôt que mendier dans la rue pour gagner de quoi vivre et faire vivre ma fille et ses enfants, a-t-elle raconté Al-Arabiya News. Pour me protéger des hommes, de leurs regards méchants et ne pas être stigmatisée à cause des traditions, j’ai décidé d’être un homme… de m’habiller comme eux et de travailler avec eux dans les villages où personne ne me connaissait. »

La vielle femme à l’heure actuelle se lève toujours à 6 heures du matin afin d’installer son matériel de cirage dans la gare de Louxor. Abu Daooh dit que cirer les chaussures lui fait gagner un « revenu décent ».

Sa fille Houda a déclaré : « ma mère est celle qui prévoit toujours pour la famille. Elle se réveille tous les jours à six heures pour commencer à cirer les chaussures à la gare de Louxor. Je porte les kits de travail pour elle car maintenant elle est dans un âge avancé. »

Sisa Abu Daooh a remercié ceux qui l’avaient aidé le long du chemin:
« merci à tous ceux qui m’ont aidé. J’espère voir l’Egypte dans une meilleure situation ». Faisant allusion à la condition de la femme dans le pays. L‘Égypte détenait en effet en 2013 le record du pire pays pour les femmes dans le monde arabe selon une évaluation de la Fondation Thomson Reuters. Un rapport de l’ONU datant lui aussi de 2013 évoquait aussi la discrimination dont sont victimes les femmes dans le monde du travail ou les salaires inégaux entre homme et femme. Le rapport avait mis aussi en lumière le nombre effarant d’harcèlement sexuel jugeant même cette pratique « endémique ».

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