La sage-femme Fatimah Mohamied poursuit un NHS Trust après avoir été renvoyée vers le programme antiterroriste Prevent à cause de ses publications sur les réseaux sociaux en solidarité avec la Palestine.
Fatimah Mohamied, sage-femme musulmane et mère de deux enfants, a été harcelée par son ancien employeur en raison de son engagement en faveur de la Palestine. Après avoir quitté son poste au Chelsea and Westminster NHS Foundation Trust, elle a été renvoyée à la fois au Nursing and Midwifery Council (NMC) et au programme antiterroriste Prevent un exemple choquant de la manière dont les personnes ordinaires sont punies pour avoir dénoncé des crimes de guerre.
En tant que sage-femme responsable de la sécurité culturelle, Fatimah Mohamied a déclaré à People’s Health Dispatch que son rôle était techniquement destiné à traiter le racisme systémique et ses conséquences dans les services de maternité. Dans une annonce publiée en janvier 2024, le Trust décrivait le poste comme visant à améliorer les résultats pour la population locale de maternité et à offrir de meilleures expériences au personnel marginalisé. « Nous recherchons quelqu’un qui… n’a pas peur du changement », indiquait l’annonce.
L’expérience de Fatimah Mohamied fut cependant tout le contraire. Après le début du génocide à Gaza, elle s’est sentie obligée de s’exprimer et de plaider en faveur des Palestiniens soumis à l’agression et à la famine par l’occupation israélienne. « La défense des droits fait partie intégrante de notre rôle défendre les vulnérables, les marginalisés et les démunis », écrivait-elle auparavant. « Ce sont des valeurs du NHS et elles devraient inclure invariablement l’opposition à l’occupation illégale, à l’apartheid et au nettoyage ethnique, car ce sont des manifestations graves du racisme. »
Elle découvrit vite que ce n’était pas le type de travail anti-raciste que le Trust avait en tête. En réponse aux plaintes concernant son activité personnelle sur les réseaux sociaux, y compris de la part du groupe sioniste UK Lawyers for Israel, son ancien employeur a tenté de la faire taire. « Toute tentative que j’ai faite pour aborder la question de Gaza ou de la Palestine dans mon travail a été entravée et bloquée », explique-t-elle. Le Trust a soutenu que ses responsabilités se limitaient à traiter le racisme au sein de l’institution plutôt qu’au niveau mondial. « Mais comment pouvais-je lutter contre le racisme si je ne parlais pas de l’une des pires manifestations du racisme de l’histoire contemporaine ? » demande Fatimah Mohamied.
Renvoi à Prevent
Après avoir quitté son poste en mars 2024, Fatimah Mohamied a été renvoyée au NMC, qui a rapidement conclu que les plaintes étaient infondées. Puis, en mai 2025, un officier de Prevent l’a contactée pour lui notifier que le Trust l’avait également renvoyée vers ce programme.
Prevent, partie de la stratégie antiterroriste britannique, cible depuis longtemps de manière disproportionnée les communautés musulmanes, avec la coopération des services de santé. Dans ce contexte, le renvoi de Fatimah Mohamied souligne à la fois la criminalisation de la solidarité avec la Palestine et le racisme systémique et l’islamophobie au Royaume-Uni.
En lisant l’email de l’officier, Fatimah Mohamied décrit sa terreur, consciente du traitement réservé à d’autres sous ce programme. En tant que professionnelle de santé, elle avait également suivi une formation liée à Prevent, qui lui a apporté peu de réconfort. « La formation Prevent est conçue pour que les gens s’appuient sur leurs biais conscients et inconscients », explique-t-elle. Cela, ajoute-t-elle, alimente le cadre dominant de suprématie blanche dans lequel la société est contrainte d’évoluer.
« Si vous êtes musulman, peu importe que vous soyez professionnel de santé ou autre, vous serez discriminé. Si vous vous démarquez, vous serez perçu comme quelqu’un ayant des idées extrêmes, et vous ne bénéficierez pas du doute, contrairement à d’autres », ajoute Fatimah Mohamied. Dans ce cas, l’officier de Prevent tout comme le NMC a conclu qu’il n’y avait aucun fondement au renvoi, notant même qu’il était inhabituel qu’une organisation de la taille d’un NHS Foundation Trust fasse une telle démarche.
Une leçon pour tout le NHS
La persécution à laquelle Fatimah Mohamied a été confrontée illustre une tendance dangereuse au Royaume-Uni, où la défense de la Palestine est de plus en plus censurée et criminalisée. « Je pense être l’une d’une longue série de personnes harcelées pour avoir pris la parole en faveur de la Palestine », dit-elle. Rien que ces derniers mois, des dizaines de personnes ont été arrêtées pour avoir participé à des manifestations pacifiques après l’interdiction du groupe d’action directe Palestine Action. Des journalistes couvrant la Palestine ont également été ciblés, avec des perquisitions et des saisies d’appareils.
Fatimah Mohamied engage maintenant une action en justice contre le Trust pour harcèlement et discrimination post-emploi, appelant les autres à soutenir sa cause. « J’espère que mon affaire enverra un message fort au Trust, mais aussi à tout le NHS sur la manière dont ils ne devraient pas se comporter comment ils doivent faire preuve de prudence lorsqu’ils sont approchés par des groupes de pression extrémistes », dit-elle.
Alors que le génocide israélien à Gaza se poursuit, Fatimah Mohamied insiste sur le fait que la justice ne peut être dissociée de la dénonciation des atrocités commises : « Il est naïf de croire que les attaques d’Israël contre les soins de santé en Palestine n’auront pas d’impact ailleurs sur la santé. »
« Il est temps que le NHS respecte réellement ses valeurs », conclut-elle, invoquant le dévouement affiché du service à la justice et à l’équité.
