Les dirigeants du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ont lancé leur avertissement le plus ferme à ce jour. Ils affirment que toute reprise des discussions dépend désormais de deux conditions. Premièrement, la libération inconditionnelle d’Abdullah Öcalan, fondateur du PKK. Deuxièmement, la reconnaissance des droits politiques et identitaires des Kurdes dans la Constitution turque. Dans une tranchée des monts Qandil, le commandant « Malazgirt » a déclaré à l’AFP (Agence France-Presse) que toutes les mesures demandées par Abdullah Öcalan avaient été accomplies. Selon lui, plus aucune initiative ne viendra du PKK tant qu’Ankara ne prendra pas le relais. Un autre responsable, Serdar Mazlum Gbar, a rappelé que la liberté du peuple kurde restait indissociable de celle de son leader emprisonné.
Ces prises de position constituent un véritable ultimatum. Elles sont susceptibles de faire dérailler un processus de paix déjà fragile. Les pourparlers, entamés indirectement l’an dernier, avaient pourtant connu des avancées rapides. Notamment lorsque le PKK avait annoncé suspendre sa lutte armée avant de retirer ses combattants vers l’Irak. Mais ces progrès se sont brusquement interrompus. Cela a poussé Ankara à intensifier ses efforts. Une délégation parlementaire s’est rendue sur l’île-prison d’Imrali pour consulter Abdullah Öcalan. Ils affirment en ressortir avec des résultats positifs pour la cohésion sociale et le cadre légal futur.
Pourtant, les ambitions kurdes dépassent largement la seule libération d’Öcalan. Elles impliquent des réformes constitutionnelles profondes. Cette exigence renvoie à un siècle de tensions. Depuis la promesse avortée d’un État kurde après la Première Guerre mondiale jusqu’aux politiques de turquisation imposées par Mustafa Kemal Atatürk. Répressions culturelles, insurrections répétées et émergence du PKK dans les années 1970 ont nourri un cycle de violences qui a traversé les décennies. Les tentatives de paix, notamment celles de Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie, entre 2012 et 2015, ont échoué. Ceci, face à la reprise des affrontements, se vit aggravés par les dimensions transfrontalières du conflit et par les enjeux syriens et irakiens. Ces facteurs complexifient encore toute perspective de règlement durable.





























