
Ces derniers jours une vague de reconnaissances venant des pays occidentaux, menée par la France, le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada, porte désormais à 157 le nombre de pays reconnaissant officiellement la Palestine. Même certains alliés traditionnels d’Israël ont accepté de reconnaître l’État palestinien, en présentant ce geste comme une manière de préserver l’idée d’une solution à deux États.
« Face à l’horreur croissante au Moyen-Orient, nous agissons pour maintenir la possibilité de paix et d’une solution à deux États », a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer. « Cela signifie un Israël sûr et sécurisé aux côtés d’un État palestinien viable. Pour l’instant, nous n’avons ni l’un ni l’autre. »
Cependant, sur le plan pratique, cette reconnaissance diplomatique ne rapproche pas réellement la Palestine de la pleine souveraineté. Israël continue de construire des colonies en Cisjordanie occupée et a affirmé qu’il n’acceptera jamais l’existence d’un État palestinien.
Qu’est-ce qui définit un État ?
Pour comprendre pourquoi la reconnaissance ne suffit pas, il est utile de rappeler les critères d’un État selon le droit international et la Convention de Montevideo (1933) :
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Un territoire défini
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Un gouvernement capable de diriger
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Une population permanente
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La capacité d’entrer en relations avec d’autres États
Ces conditions ne nécessitent pas la reconnaissance par d’autres pays.
La Palestine répond-elle à ces critères ?
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Population permanente : Des millions de Palestiniens vivent depuis des générations en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est.
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Gouvernement : La Palestinian Authority (PA) gère certains aspects administratifs et diplomatiques, maintient des relations internationales et possède des missions diplomatiques.
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Capacité internationale : La PA entretient des relations avec plusieurs États et organisations, mais son indépendance est limitée par le contrôle israélien sur les frontières, les ressources et la sécurité.
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Territoire défini : Les frontières exactes restent floues, surtout après l’occupation israélienne depuis 1967 et l’expansion continue des colonies.
En pratique, le contrôle israélien rend presque impossible pour la Palestine de fonctionner comme un État pleinement souverain.
Israël et la colonisation : un obstacle majeur
Depuis 1967, Israël a construit plus de 160 colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, abritant près de 700 000 colons. Ces implantations sont illégales selon le droit international, mais sont fortement soutenues par l’État israélien et protégées par ses forces.
Des projets récents, comme l’ajout de 3 400 nouvelles habitations dans la zone E1, menacent de fragmenter la Cisjordanie, rendant toute continuité territoriale palestinienne quasi impossible. Par ailleurs, des zones industrielles comme le Barkan Industrial Park exploitent la main-d’œuvre palestinienne, renforçant l’économie des colonies. Tels que, Bezalel Smotrich ou Itamar Ben-Gvir, soutiennent ouvertement l’expansion des colonies et l’annexion de la Cisjordanie.
La reconnaissance internationale ne suffit pas
Même avec le soutien de 157 pays, l’existence d’un État palestinien reste bloquée. Israël, appuyé par les États-Unis, refuse de céder sur la question des colonies ou de reconnaître une Palestine indépendante. En juillet dernier, la Knesset a adopté une motion non contraignante pour annexer la Cisjordanie, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réitéré : « Il n’y aura pas d’État palestinien à l’ouest du Jourdain. »
Ainsi, la reconnaissance internationale constitue un signal politique fort, mais sans changement concret sur le terrain, elle ne transforme pas la réalité. La Palestine reste, pour l’instant, un État reconnu sur le papier, mais empêché de s’exercer pleinement dans la pratique.


























