
Autrefois, l’Inde soutenait la Palestine avec conviction. Ce n’était pas du simple discours. Sous Nehru et Indira Gandhi, l’Inde parlait avec autorité morale contre le colonialisme, l’apartheid et l’occupation. La Palestine faisait partie de l’histoire de sa propre liberté. À l’ONU, l’Inde défendait les Palestiniens, même au prix d’un désaccord avec Washington. Cette Inde-là semble aujourd’hui disparue.
D’une position morale à un alignement stratégique
Sous Narendra Modi, l’Inde rapproche ses liens avec Israël comme jamais auparavant. Ce rapprochement dépasse le commerce et le partage de renseignements. Il est à la fois politique, économique et idéologique. Le récent accord signé à New Delhi entre le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich et la ministre indienne Nirmala Sitharaman symbolise ce tournant. L’accord vise à renforcer le commerce et l’investissement. Mais son timing est lourd de sens : Israël est accusé de crimes de guerre à Gaza. Pourtant, l’Inde déroule le tapis rouge.
En parallèle, le vote de l’Inde à l’ONU raconte une autre histoire. Après trois ans d’abstention sur les résolutions appelant à un cessez-le-feu, New Delhi a soutenu une solution à deux États. Ce choix semble modéré. Mais il masque un alignement profond avec Israël. Le gouvernement Narendra Modi veut montrer une posture « raisonnable » à ses partenaires occidentaux, tout en consolidant ses relations avec Tel Aviv en coulisses.
Conséquences économiques et idéologiques
Cette posture a des conséquences concrètes. Les armes israéliennes testées sur les Palestiniens sont vendues à l’Inde. Les investissements et technologies israéliennes alimentent l’industrie militaire de Tel Aviv. Chaque conflit à Gaza devient une vitrine pour ces armes, et l’Inde reste un client actif. Les Palestiniens, quant à eux, paient le prix fort.
L’idéologie explique une partie de ce rapprochement. Le nationalisme hindou admire le modèle israélien : un État majoritaire qui exclut les minorités sous prétexte de sécurité. Cette approche résonne avec les tactiques employées dans le Cachemire. Mais l’économie et la diplomatie internationale complètent le tableau. L’Inde veut montrer sa force sur la scène mondiale et séduire Washington et ses alliés. Soutenir Israël, ou au moins ne pas le contester, est devenu un moyen de prouver cette loyauté.
Aujourd’hui, l’Inde trahit son passé anti-colonial. Elle abandonne la Palestine et soutient l’occupation. Le vote symbolique à l’ONU ne suffit pas. Les Palestiniens méritent une solidarité réelle, pas des gestes vides de sens.


























