L’exclusion des femmes voilées est devenue un passe-temps que certains chérissent particulièrement. Que ce soit dans le monde éducatif, du travail ou dans le domaine sportif, les musulmanes sont inévitablement dirigées vers une voie de garage qui finit par les exclure définitivement d’une vie sociale.

Essia Aouini a été recrutée pour entraîner des jeunes filles de 11 ans à 13 ans dans le club de foot de l’AS Surieux à Echirolles dans la banlieue de Grenoble.
Durant des mois, la jeune femme de 19 ans a travaillé dure pour que son équipe puisse participer à la finale de la Coupe Rhône-Alpes, un labeur qui s’est avéré payant et qui a comblé de joie les jeunes joueuses. Du moins jusqu’au moment où Essia apprend qu’elle ne pourra participer à la finale à cause de son voile.

« J’aime entraîner les jeunes, c’est une passion pour moi », explique Essia qui prépare une licence d’anglais, ajoutant: « Cela ne m’a jamais posé de problème. Ni dans le monde du foot ni à l’université. Je ne fais pas de prosélytisme. Je respecte tout le monde ».
Les adolescentes sont atterrées par la nouvelle: « C’est injuste car c’est grâce à Essia que nous sommes arrivées en finale. Elle nous a fait énormément progresser. Si elle ne peut pas venir, je n’irai pas jouer ce match », explique l’une d’entre elles en pleur.
Vendredi dernier, le président de son club est appelé par le président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, Bernard Barbet, celui-ci se montre intransigeant, si Essia garde son voile, elle ne pourra pas disputer la finale au nom de « la neutralité du sport ». Le règlement de la Ligue s’inspire sur celui de la Fédération française de football qui interdit « tout port de signes ou tenues religieux, tout affichage ou comportement à caractère idéologique ou religieux, tout acte de prosélytisme ».

Pourtant cela fait des mois que l’étudiante entraîne son équipe sans que son voile ne pose de problème, et soudain « on veut m’exclure de l’équipe que j’entraîne en raison d’un simple bout de tissu qui est sur ma tête. C’est vraiment dommage » dit-elle indignée car: « Le football doit rassembler tout le monde : Noirs, Blancs, Asiatiques, chrétiens, juifs, musulmans ».

Le club soutien Essia face à la décision des instances sportives, « On n’ira pas jouer cette finale sans elle. Essia n’a jamais posé de problème avec son voile. Et là, parce que l’on est un peu plus visible en se retrouvant en finale d’une coupe régionale, on nous dit stop. Ce n’est pas normal » a déclaré Amar Benguedouar, le président de l’AS Surieux.
Interrogé à propos de la décision de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, Nicolas Cadène, le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité a déclaré qu’« il faut déterminer si cette jeune femme participe à une mission de service public. Si c’est le cas, elle est soumise à un devoir de neutralité. Si elle n’est pas liée à l’administration, elle peut porter le voile ».
Selon le président de l’AS Surieux, Essia travaille uniquement pour le club sans aucun lien avec la Fédération.

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