Des cadavres qui jonchent les rues, des cris, des pleurs, un chaos indescriptible, une scène qui fait partie du quotidien des Syriens.
Des drames commentés en quelques phrases lors des flashs info, comme si ces attentats-là étaient moins importants, comme si ces centaines de morts ne représentaient pas grand-chose aux yeux du monde.

L’horreur est palpable mais c’est le cliché d’un photographe syrien figé dans la douleur qui va donner un semblant de réalité au drame qui frappe une nouvelle fois les Syriens.
Abdelkader Habak couvre l’attentat suicide qui a décimé 126 syriens dont 68 enfants. Les bus étaient bondés, des milliers d’habitants sont évacués de Foua et de Kafraya, deux villes assiégées par les insurgés non loin d’Idleb, ils allaient enfin quitter l’enfer et s’éloigner des bombardements et de la peur.
Mais samedi dernier un kamikaze en a décidé autrement, il a lancé son camion contre les bus déclenchant un véritable cataclysme. Des corps gisent au sol, des gens agonisent et le photographe pourtant habitué à toute cette violence, craque, il n’en peut plus, il pleure de rage et d’impuissance alors qu’un enfant gît non loin de lui.
Un de ses confrères présent sur les lieux immortalise le désespoir d’Abdelkader, les clichés font très vite le tour du monde.

Inconnu hier, Abdelkader est devenu un héros, figure de proue d’un drame relégué à la rubrique faits divers mais qui semble reprendre vie face à sa propre détresse. Les journalistes du monde entier sont plus sensibles à la souffrance de leur confrère qu’à celle de ces milliers d’âmes syriennes.
« Voilà le collègue Abd Alkader Habak en train de pleurer d’impuissance et de douleur les victimes de l’attaque terroriste », écrit dans un tweet l’un de ses confrères syriens.
« Les mots ne peuvent pas décrire ce qui s’est passé. J’étais à côté d’un bus transportant de la nourriture aux enfants, quand soudain à quelques mètres, une énorme explosion a retenti », raconte Abdelkader Habak à Chanel 4 News.
Lui-même est projeté violemment en arrière par la déflagration, mais continue à faire son métier, il tient à montrer au monde le calvaire vécu par ses compatriotes, lorsque soudain il voit un enfant. « J’ai vu qu’il respirait encore » dit-il.
Malgré la douleur, il se ressaisit et court au secours de l’enfant qui semble encore respirer, le prend dans ses bras et le conduit vers l’ambulance.

« Je l’ai regardé et j’ai vu qu’il respirait encore. Je l’ai pris dans mes bras et je me suis mis à courir vers les ambulances. Je ne sais pas s’il s’en est sorti, mais j’ai fait ce que j’ai pu. Je sais juste qu’il a été transporté vers un hôpital », poursuit-il.
Les réseaux sociaux s’enflamment pour cet homme que beaucoup considère déjà comme un sauveur au sens noble du terme. « Vous êtes la Révolution. Pitié pour les innocents », écriront certains.
Le journaliste espère surtout que son geste pourra servir d’exemple aux terroristes. « L’humanité dont j’ai fait preuve aujourd’hui avec mes collègues devrait inspirer ceux qui ont tué les enfants de Khan Sheikhan », a-t-il écrit sur son compte Twitter.

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