Les « individus d’origine arabe » ont été honteusement ciblés par une circulaire policière en Espagne. Depuis les événements survenus à Paris entre le 7 et le 9 janvier, les “mesures de sécurité” ont été renforcées en Espagne, notamment aux abords des bâtiments publics, dans le cadre de la lutte antiterroriste.
Un document révélé par le site 20 minutos à la mi-janvier montre la psychose engendrée à travers l’Europe peu de temps après les événements de Paris.
Ce document, rempli de stéréotypes et d’allusions douteuses et racistes, est une liste de “recommandations” incitant les policiers d’Andalousie à se montrer particulièrement attentifs aux faits et gestes des “personnes d’origine arabe”. Ce document, qui au passage a provoqué un incident diplomatique, a été annulé depuis par la police nationale.
Ces recommandations ont été émises par la Brigade provinciale de l’information de la Préfecture supérieure d’Andalousie occidentale. Ce document préconisé, hypocritement, tout d’abord d’« éviter tout type de commentaires racistes ou xénophobes » en cas d’intervention policière.
Les policiers étaient également invités à « vérifier les visas d’entrée » sur les passeports des individus, en particulier de ceux s’étant rendus en Irak, en Syrie, en Arabie saoudite, en Jordanie, en Turquie et au Liban.
Une « attention spéciale » devait être portée aux « individus de nationalité algérienne », qui sont décrits stupidement comme « plus conflictuels que les Marocains ».
Il était de même recommandé de prêter attention aux « personnes d’origine arabe qui réalisent des vidéos dans des endroits non touristiques, en particulier au niveau d’infrastructures critiques : stations de bus, de train, de métro, etc. » Pourquoi cela ? Hé bien, parce que « les cellules terroristes ont l’habitude d’enregistrer leurs actions pour les mettre sur Internet. »
Encore mieux lorsque des individus d’origine arabe sont localisés dans un véhicule, en train d’utiliser un ordinateur portable, ils sont probablement en train de “craquer” un réseau wi-fi, pour ne pas laisser la trace de leur adresse IP. Ce n’est pas fini, la directive précisait également que s’ils sont en train de consulter des pages jugées douteuses par le gouvernement, il faut les identifier et les faire connaître auprès de la Brigade provinciale de l’information !
Toujours aussi loufoque, il était demandé aux policiers de vérifier, lors des fouilles, si les personnes “d’origine arabe” ne disposent pas d’engins explosifs ! Il est vrai qu’il est habituel de sortir avec son petit bâton de dynamite quotidiennement !
Ces recommandations – en particulier celle concernant les Algériens – ont provoqué tout naturellement la colère de Mohamed Hanèche, l’ambassadeur d’Algérie en Espagne. Noureddine Benmeddah, le président de la Fédération européenne des associations algériennes, basée en Espagne, a fait savoir qu’il enverrait une plainte au Ministère de l’Intérieur.
Sur les réseaux sociaux, en particulier ici Twitter, plusieurs internautes choqués par cette annonce ont dénoncé ce document à caractère raciste et xénophobe.
« Les recommandations aux agents concernant les interventions avec les personnes d’origine arabe font honte et dégoûtent », post un internaute Espagnol. « Les recommandations concernant les interventions de la police auprès des personnes d’origine arabe. Un torrent de préjugés et de stéréotypes… », écrit un autre.
Ce ramassis de recommandations racistes a heureusement été retiré aux vues des multiples réactions suscitées par cette circulaire. La direction générale de la police espagnole a donc ordonné à la Préfecture supérieure d’Andalousie occidentale de la retirer, le 14 janvier dernier.
Selon le directeur adjoint des opérations de la police nationale, elle était contraire aux principes régissant les interventions policières, et non conforme au droit. Mais cela est dit parce que le document a été publié ! Que serait-il arrivé si cela en aurait été autrement ?
Petit rappel, la Convention européenne des droits de l’Homme précise que « nul ne peut faire l’objet d’une discrimination de la part d’une autorité publique quelle qu’elle soit fondée notamment [sur] le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation. »