Près de onze ans après le crash d’un Airbus A310 de Yemenia Airways au large des Comores qui avait fait 152 morts, le parquet de Paris a requis un procès en correctionnelle pour « homicides involontaires ». Bahia Bakari, unique survivante, porte maintenant la voix des victimes dans une interview accordée au Parisien.

« L’avion était un peu étrange, il n’était pas propre, pas confortable », se remémore Bahia, malgré des souvenirs qui « disparaissent avec le temps ». Après un vol sans encombre, l’Airbus A310 de la Yemenia entame sa descente vers l’aéroport. Des turbulences secouent l’appareil, « mais personne ne paniquait, je me suis dit que ça devait toujours être comme ça aux Comores avec le vent. »

« Un trou noir, sans doute perdu à jamais »

Puis c’est le trou noir, « Quand je me suis réveillée, j’ai tout de suite cherché à monter sur un débris de l’avion, se souvient Bahia. J’ai pensé au film Seul au monde, que j’avais vu la veille, ou à Titanic, un film que j’avais vu plusieurs fois. C’est bizarre, mais à ce moment-là, j’ai été très lucide. »

Autour d’elle, « des débris d’avion, des valises, des plateaux-repas »… Et dans son cerveau d’enfant, un scénario qui l’aide à survivre, à tenir.

« Je me dis alors que tout le monde est arrivé, et que j’ai dû tomber de l’avion. Je pensais beaucoup à ma mère, je l’imaginais en train de s’énerver dans l’aéroport pour mobiliser des secours. Pour elle, je devais rester accrochée à ce morceau d’avion, même si j’avais évidemment peur. » 

« Je me suis demandé si je ne rêvais pas, raconte Bahia. Un homme m’a remonté à bord. Arrivée à l’hôpital, j’ai demandé : où est ma mère ? J’étais encore persuadée d’être la seule à être tombée de l’avion, je n’avais pas conscience que ma maman était décédée… »

« C’était un moment très bizarre, et je reste encore partagée, souffle Bahia. J’ai eu une chance inouïe, c’est vrai, mais c’est aussi un drame absolu, j’ai perdu ma maman, ma famille a beaucoup souffert, des dizaines de personnes ont perdu des proches… »

L’enquête

Les boîtes noires avaient été retrouvées et le Bureau d’enquêtes et d’analyses français (BEA) les avait décryptées mais l’enquête s’est enlisée, les autorités françaises reprochant à leurs homologues comoriens leur non-coopération, précise l’Union.

Bahia, seule rescapée d'un crash d'avion qui a fait 152 morts, retrouvée au milieu de l'océan2Les familles des victimes ont aussi dénoncé à plusieurs reprises les « lenteurs » de la procédure, accusant le Yemen de faire pression pour que ne soit pas mise en cause sa compagnie nationale.

En juin 2013, un rapport d’enquête technique publié à Moroni avait conclu que l’accident était dû « à une action inadaptée de l’équipage » au cours d’« une manœuvre non stabilisée ».

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