Espagne : quand la mobilisation citoyenne transforme la politique étrangère sur la Palestine

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Manifestation à Grenade, Espagne, le 20 janvier 2024 : habitants brandissant des drapeaux palestiniens en solidarité avec Gaza
Des habitants, brandissant des drapeaux palestiniens, se rassemblent à Grenade, en Espagne, le 20 janvier 2024, pour exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien et protester contre les attaques israéliennes à Gaza.

Depuis des décennies, la question palestinienne semble enfermée dans les cercles diplomatiques et les discours prudents des gouvernements européens. Pourtant, quelque chose de nouveau se dessine aujourd’hui : la voix des peuples bouscule celle des institutions. En Espagne, la mobilisation citoyenne pour la Palestine, connue sous le terme de mobilisation populaire Espagne Palestine, a poussé l’État à franchir des étapes majeures en faveur de la Palestine. Cette évolution n’est pas seulement symbolique. En effet, elle reflète la capacité de la société civile à transformer un discours officiel en actes politiques concrets.

Il faut rappeler que l’Europe a longtemps été un pilier du soutien à Israël. Ce soutien, politique et économique, a permis à l’État hébreu d’agir en dehors du droit international. Face à cette inertie, certains pays comme l’Irlande, la Suède ou la Norvège avaient déjà tracé un chemin plus critique. Mais l’Espagne représente un cas à part. Elle combine une mobilisation populaire forte, un discours politique renouvelé et des mesures concrètes. La mobilisation populaire espagnole pour la Palestine est devenue exemplaire.

 

Les premiers signes d’un basculement

Le tournant espagnol ne s’est pas produit du jour au lendemain. Dès novembre 2023, la ministre des Droits sociaux de l’époque, Ione Belarra, accusait publiquement Israël de mener un génocide planifié. Cette prise de position rompait avec les formulations diplomatiques habituelles. Elle marquait une nouvelle étape dans le discours officiel. Quelques mois plus tard, l’Espagne rejoignait l’Irlande et la Norvège pour reconnaître l’État de Palestine. Ce fut une décision qui ouvrait la voie à d’autres reconnaissances européennes. La mobilisation populaire Espagne Palestine a joué un rôle essentiel dans cette réussite.

Le pas décisif est intervenu le 6 juin 2024, lorsque Madrid a choisi de se joindre à la plainte de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice, accusant Israël de génocide. Une décision historique, surtout si on la compare à l’attitude de pays comme l’Allemagne, restée en défense d’Israël. D’autre part, le Royaume-Uni hésitait à employer le terme génocide.

 

Des sanctions concrètes sous pression populaire

Au-delà des mots, l’Espagne a pris des mesures tangibles. En septembre 2024, son gouvernement a annoncé l’interdiction de vendre des armes à Israël et le refus d’accueillir des navires transportant du matériel militaire dans ses ports. Ces décisions, bien que limitées au regard de l’ampleur du drame à Gaza, constituent un tournant majeur en Europe. Cette mobilisation populaire Espagne Palestine a intensifié la pression sur le gouvernement.

Il faut souligner que ces avancées ne sont pas nées uniquement d’une volonté gouvernementale. Elles sont le fruit d’une mobilisation populaire inédite. Plus de 200 syndicats et ONG espagnols ont appelé à une grève générale de 24 heures. Ils exigeaient la rupture totale des liens politiques, économiques et militaires avec Israël. Chaque geste du gouvernement de Pedro Sánchez depuis lors répond directement à cette pression populaire.

L’engagement espagnol ne sort pas de nulle part. En 1974 déjà, Madrid votait à l’ONU en faveur de résolutions reconnaissant l’autodétermination palestinienne. Quelques années plus tard, le Premier ministre Adolfo Suárez recevait Yasser Arafat à Madrid. Cependant, cette ligne s’était affaiblie avec le temps, l’Espagne adoptant progressivement une posture neutre, alignée sur le discours européen traditionnel. La mobilisation populaire Espagne Palestine a revitalisé cet engagement ancien.

La guerre à Gaza a bouleversé cet équilibre. En rendant la voix de la société civile impossible à ignorer, elle a replacé la question palestinienne au cœur du débat public.
Cette dynamique a montré que le peuple espagnol pouvait reprendre la main sur une politique étrangère trop longtemps dictée par les impératifs diplomatiques.

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