Abdelmalek Droukdel, l’émir d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), avait donné en avril 2017 une interview au magazine Inspire, revue de propagande d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Il expliquait alors l’adhésion que les algériens portaient à l’organisation terroriste :

L’engouement pour la cause est généralement bon, à l’exception du front algérien sur lequel nous nous sommes embourbés à cause d’une longue guerre. Le front algérien souffre de la rareté, et parfois de l’absence quasi totale de soutiens à l’intérieur et à l’extérieur, cela a eu un impact terrible.

Un soutien nul de la part des algériens qui combattent ce fléau depuis plus de vingt ans sur ses terres comme à l’étranger. Une lutte qui porte ses fruits car les forces algériennes éliminent régulièrement les combattants de l’organisation jusqu’à atteindre les cadres de l’organisation. Après que Bilel Kobi, l’envoyé spécial de Droukdel en Tunisie, et Béchir ben Néji, émir d’un groupe en Tunisie aient été abattus par l’armée tunisienne, c’est Adel Seghiri, aussi connu sous le nom d’Abou Rouaha al-Qassantini (le Constantinois), qui a été neutralisé par l’armée algérienne ce mardi dans les environs de Jijel à 400km d’Alger.

Ce cadre d’Al Qaïda, responsable de la propagande d’AQMI, animateur d’Al-Andalus et créateur du forum terroriste Ifriquya al-islamiya (l’Afrique islamique), organe de diffusion de communiqués et de vidéos de la branche maghrébine et sahélienne d’al-Qaïda, faisait partie des personnes les plus importantes du groupe.

Il figurait aussi parmi les quinze combattants d’AQMI les plus dangereux, non pas pour ses actes sur le terrain mais parce qu’il était en charge du cryptage et du décryptage de l’information.

L’organisation avait réussi au début des années 2000 à s’installer durablement dans le maquis algérien en débutant par le Nord du pays avant de propager vers le Sahel en passant par le Sahara. C’était sans compter la détermination, les efforts et les moyens mis en place par le gouvernement pour éradiquer cette menace. Depuis quelques années, l’organisation est en repli et plus qu’affaiblie. Un Général Major explique :

L’Algérie récolte les fruits de la politique qu’elle mène depuis plus de vingt ans contre le terrorisme.

200 hommes en moyenne sont tués chaque année par l’armée algérienne. Des pertes considérables qui mettent à mal le groupe qui est obligé de demander des renforts en Tunisie et en Lybie pour compenser.

Ce terrorisme, nous ne l’avons toujours appréhendé à la fois comme un problème sécuritaire mais aussi psychologique, économique et culturel.

La population est également acteur de ce changement. Les algériens traumatisés des années 1990 n’hésitent pas à raisonner ou dénoncer les terroristes aux autorités afin de ne pas reproduire les massacres des années noires de l’Algérie.

Un expert de la lutte anti-terroriste explique :

Il n’y a pas de recette miracle. L’expérience algérienne est un melting-pot de solutions expérimentées sur plusieurs années. Éliminer un terroriste n’est pas une victoire si, au même moment, une recrue monte au maquis. Déradicaliser un repenti est un échec si on laisse les courants salafistes radicaux mobiliser la jeunesse. Assécher les financements du terrorisme peut être une action sans fin si on n’endigue pas les réseaux de soutien logistiques. C’est sur ces points d’équilibre que l’expérience algérienne est intéressante, car elle se propose de traiter les conséquences et de fabriquer en même temps les antidotes.

Les méthodes de l’Algérie inspirent certains Etats. Le coordinateur adjoint du bureau de lutte contre le terrorisme du Département d’État américain avait appelé en Octobre dernier à « à partager cette expérience avec les autres pays du monde ». Une déclaration quelque peu hypocrite car l’Algérie a toujours collaboré avec les nations comme la France ou les Etats-Unis sur ce sujet, en donnant des informations précieuses sur les organisations terroristes opérant sur leurs territoires.

L’Algérie peut gagner la guerre contre le terrorisme mais ne doit pas se reposer sur ses acquis :

Il ne faut jamais oublier l’histoire du Groupe islamique combattant en Libye, d’Abdelhakim Belhadj. Alors qu’il avait été complètement détruit, il a non seulement réussi, à partir de 2011, à se reconstituer, mais aussi à se réimplanter dans plusieurs villes du pays.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît tapez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici