La femme de détenu d’opinion, Rachid Nekkaz sort de son silence, pour s’exprimer pour la première fois sur la situation de son mari, en détention provisoire depuis le 4 décembre 2019.
Dans une vidéo publiée sur Facebook, Cécile Leroux qui s’est présentée comme la compagne de vie de Rachid Nekkaz, et donc, « son épouse et la mère de son fils », rompt son silence en alertant notamment sur son état de santé.
Rachid Nekkaz est en détention provisoire depuis le 4 décembre 2019. Incarcéré à la prison de Koléa dans la wilaya de Tipaza, il a été transféré ensuite à la prison de Labiod Sidi Cheikh dans la wilaya d’El Bayadh fin janvier.
Ses avocats ont alerté sur la détérioration de son état de santé. Lui-même a dénoncé les conditions de détention à Koléa, et offert son aide financière au pénitencier pour améliorer la qualité de la nourriture servie aux prisonniers.
« Je demande l’application de l’article de loi 128 »
Madame Nekkaz demande ainsi au gouvernement et à la justice de « bien vouloir appliquer l’article 128 ». « On m’a parlé de l’article 128, je demande au gouvernement et à la justice s’ils veulent bien l’appliquer, et libérer Rachid Nekkaz pour raison de santé ».
Cécile Leroux estime encore que « le gouvernement peut bien comprendre cet appel à l’application de l’article de loi 182, et cette demande de fond de cœur de libérer mon mari pour qu’il puisse avoir les soins médicaux ».
Il s’agit ici d’un « appel de cœur pour sa santé, un appel sanitaire et un appel humanitaire », tout en remerciant vivement, « tous les avocats de Rachid Nekkaz » qui sont « persistants, fidèles, constants et communicatifs … ». Elle a également tenu à remercier le peuple algérien.
Etat de santé inquiétant
En détention provisoire depuis le 4 décembre 2019, le militant politique et activiste Rachid Nekkaz vient de raconter les détentions à la prison de Koléa où le journaliste Khaled Drareni est incarcéré, après avoir été condamné en appel le 15 septembre dernier à deux ans de prison.
Dans une lettre ouverte au ministre de la Justice Belkacem Zeghmati publiée sur sa page Facebook, l’ex-candidat aux élections présidentielles avortées d’avril 2019, dénonce la nourriture servie aux prisonniers du centre pénitentiaire de Koléa depuis trois mois.
« Depuis trois mois, nous ne mangeons plus de viande, ni de poulet, ni de dessert, ni de fruits de saison, ni de yaourt à la prison de Koléa », affirme Rachid Nekkaz dans son message à Zeghmati, précisant qu’à « titre d’exemple, lors de ces neuf derniers jours, nous avons « savouré » quatre fois des lentilles et à quatre reprises des haricots comme en temps de guerre ».
« Les 4000 détenus se plaignent de l’alimentation en milieu carcéral surtout depuis l’interdiction en mars 2020 de la nourriture venant des familles à cause du virus Covid-19 », dénonce le détenu sous mandat de dépôt, ajoutant que « les équipements dentaires sont fortement endommagés ».
« J’ai vécu en direct un dégât des eaux en plein soins à cause de leurs caractères défectueux et j’ai même eu à souffrir d’une dent en bonne santé qui s’est totalement cassée », raconte encore Rachid Nekkaz.
« Cette situation ne peut plus durer dans cette ALGÉRIE NOUVELLE que vous représentez », estime Rachid Nekkaz, allusion au projet cher au président Abdelmadjid Tebboune de rompre avec les pratiques de son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika et de réformer le pays.
« Je vous propose donc en urgence mon aide financière afin que tous les détenus de la prison de Koléa puissent manger deux fois par semaine de la viande ou du poulet et un dessert par jour comme en France en 1962 », suggère-t-il.
« Il y a moins de 60 ans, le FLN avait réclamé pour les 19 000 prisonniers politiques ce minimum nutritionnel », rappelle-t-il, qualifiant la situation actuelle de « scandale alimentaire ».