La population palestinienne au désespoir qu’un jour justice soit faite, survit tant bien que mal. Mais cette injustice dont sont victimes les palestiniens, hommes, femmes et enfants est parfois comprise et déplorée par des personnes auxquelles on ne s’attend pas.
De plus en plus de soldats de Tsahal désertent l’armée face aux crimes perpétrés contre des civils. Ils n’arrivent plus à supporter l’intolérable dont ils sont complices parfois malgré eux.

C’est le cas de Yonatan Shapira né sur une base militaire israélienne il y a 43 ans, d’un père pilote de de l’armée de l’air. Un long chemin a été parcouru depuis le temps où lui aussi, comme son père, s’est engagé dans l’armée comme pilote d’hélicoptère pour qui il effectuait des missions de sauvetage et de transport de troupes.
Seule l’envie de défendre son pays occupait son esprit.
Il a accordé, récemment, un entretien à Ryan Rodrick Beiler pour The Electronic Intifada. Une longue interview s’en est suivie où il s’est longuement confié sur les agissements de l’armée israélienne qui l’ont poussé à déserter.

Il est clair qu’un fossé s’est creusé entre la vision des valeurs inculquées par ses parents de paix, d’égalité, de liberté, de prendre soin de son prochain et le vécu quotidien des palestiniens spoliés de leurs terres, massacrés et déportés pendant que prolifèrent les colonies.
La cassure a eu lieu lorsque le gouvernement israélien a lancé entre 2001 et 2003 la « politique d’assassinat » qui a mené les pilotes à larguer des bombes sur la résistance armée pour commencer, puis les ordres se sont fait plus précis d’abattre les suspects même à proximité d’un marché ou encore au domicile familial, faisant ainsi des victimes collatérales de plus en plus nombreuse sans distinction d’âge.
En 2003, Yonatan Shapira écrit une lettre (signée par 27 autres pilotes) où il explique qu’il refuse dorénavant de survoler la Cisjordanie et la bande de Gaza. Dénonçant les attaques israéliennes sur des civils, il est devenu du jour au lendemain un traître aux yeux de l’armée et des citoyens israéliens.
Ces dernières années, un nombre de plus en plus considérable de soldats de Tsahal se sont fait écho de cette «guerre» unilatérale entre une puissance lourdement armée et une population démunie et sans armes.

Entre 2005 et 2006 en collaboration avec d’anciens combattants palestiniens, le soldat déserteur met sur pied une organisation appelée Combatants for Peace (Combattants pour la paix). Grâce à cette association, Yonatan se sent plus proche du peuple palestinien, le «nous» a remplacé le «eux» déclare-t-il. Pour lui le combat est inégal, il ne s’agit pas de deux pays, mais d’« une lutte coloniale entre le colonisateur et le colonisé ».
Oeuvrant de manière active à une «normalisation» des relations israélo-palestiniennes, il fait partie du Boycott from Within (Boycott de l’intérieur), qui est une association d’israéliens qui soutiennent le boycott tout comme le faisait les activistes blancs en Afrique du Sud en soutenant le boycott contre l’Apartheid. L’objectif de l’association se compose en 3 phases : « mettre fin à l’apartheid », «mettre fin au contrôle de la bande de Gaza et de la Cisjordanie» et «promouvoir le retour des millions de réfugiés palestiniens de par le monde».

L’espoir est palpable lorsque l’ex soldat se dit heureux de voir des gens dans la rue venir l’embrasser et le remercier pour son initiative. Même aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde les mentalités ont changé, le regard porté sur le conflit israélo-palestinien s’est irrémédiablement métamorphosé.

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