Le constat d’échec s’avère quasi unanime. Les attaques terroristes de Paris, la lutte contre la montée du djihadisme, la formation des aumôniers pour éviter la radicalisation en prison, l’explosion des actes islamophobes ont souligné le besoin d’un organisme représentatif des musulmans de France. Mission que le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) ne semble pas avoir remplie jusqu’ici. Au point que tous les présidents de la république française avaient demandé au gouvernement «de travailler pour renforcer la représentativité de cette organisation».

Un organisme imposé par l’Etat

Le CFCM est vu comme un organisme imposé d’en haut

, résume Olivier Roy, professeur à l’institut universitaire européen de Florence et auteur de En quête de l’orient perdu. Et reste dirigé par les puissances étrangères.

En gros, les instances représentatives ont été divisées entre le CFCM aux Marocains, la Grande Mosquée aux Algériens et une partie des imams pour la Turquie. Le musulman français de base ne s’y reconnaît pas.

Résultat, les rivalités entre ces gouvernements, mais aussi les bisbilles personnelles ont compliqué d’éventuels accords sur la formation des imams ou sur les dates du Ramadan. L’idée à l’origine était de créer un islam français. Mais on a fait exactement le contraire par facilité, parce que ces pays promettent un islam modéré et mettent des moyens.

«Il n’y a pas de communauté musulmane»

Autre difficulté: représenter un ensemble de citoyens français disparates. «Le problème, c’est qu’il n’y a pas de communauté musulmane mais des musulmans individualistes», avance Olivier Roy. Et Rachid Benzine, islamologue et enseignant à l’IEP d’Aix, de souligner que «l’immense majorité des six millions de personnes [dont environ deux millions de pratiquants] qui ont un lien avec l’islam préfère se tenir à l’écart de toutes les organisations qui veulent structurer cette religion».

Une multitude qui n’est pas épargnée par les divisions. «On a imposé à des gens ayant des allégeances contradictoires de travailler ensemble: Frères Musulmans, sympathisants wahhabites et adeptes du soufisme, ultra-orthodoxes et libéraux, reprend l’islamologue.L’actualité internationale le montre tous les jours: le monde musulman est déchiré comme jamais.» Pour lui, le CFCM seul ne peut parler pour tous les musulmans. Il faut organiser une pluralité de mouvements, mais comme l’état jacobin a besoin d’un seul interlocuteur, c’est compliqué.

On n’a pas besoin d’un représentant, mais de comités locaux qui travaillent ensemble.

Conflit de génération

Si le gouvernement agit pour une meilleure représentativité des musulmans, il doit faire confiance aux mosquées et aux jeunes, abonde Olivier Roy.

Pour leurs parents, être musulman et Marocain c’était pareil. Mais la nouvelle génération ne veut plus dépendre des pays étrangers. Leur islam est plus militant, plus visible, les jeunes filles portent le voile, les hommes la barbe.

Et Rachid Benzine de rappeler l’importance de la formation et du rôle des imams. En effet, seulement un tiers d’entre eux seraient salariés, une bonne partie par des pays étrangers… et des imams venus de Turquie, du Maroc, qui ne parlent pas français viennent en renfort tant la pénurie est forte en France. «Les imams devraient suivre des cours de philosophie, sociologie, d’histoire pour être en phase avec la société française et mais aussi avec leur propre Histoire et textes.»

Mais l’encadrement des imams et des aumôniers soulève la question essentielle des mesures pour empêcher le financement de l’islam de France par «un certain nombre de pays étrangers». Une problématique qui se heurte à l’interdiction de financer un culte par l’Etat français.

La communauté musulmane de France souvent mise en avant comme un enjeu stratégique en période électorale est revendiquée par tous mais ne représente personne en particulier, un casse-tête politique qui a fait de la spiritualité une carte à jouer mais qui manifestement n’est pas approuvée par la « communauté « .

Les actes islamophobes n’ont jamais été aussi nombreux dans une France où les conseils représentatifs et où les associations cultuelles se multiplient …

Alors représentation des Musulmans de France, oui mais par qui ? Et qui sont les Musulmans qui ont été sollicités hors instance interne cultuelle et /ou politique ? Sont -ils sollicités ou plébiscités par le musulman lambda ?
Pourquoi ne peuvent ils pas voter pour élire eux-mêmes les représentants qu’ils souhaitent ? Les musulmans de France n’ont-ils pas leur mot à dire concernant la communauté musulmane dont il font partie ?

Ou est-ce que cela demeure uniquement le terrain réservé des politiques ?

Mis en avant au gré des événements et après les échecs cuisants des politiques de tous bords menées, il serait désormais peut-être temps de tout simplement leur demander leur avis.

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