« Racaille de flic » - Taha Bouhafs jugé pour outrage, Amnesty International tire la sonnette d’alarme

Journaliste et militant antiraciste, Taha Bouhafs a comparu, ce mercredi à Créteil, pour avoir qualifié un policier de « racaille de flic » en marge d’une manifestation de personnes sans papiers.

Taha Bouhafs est accusé d’avoir traité un agent de la brigade anticriminalité (Bac) de «racaille de flic» alors qu‘il couvrait une manifestation de travailleurs sans-papiers à Alfortville, le 11 juin 2019. L’affaire avait déjà été renvoyée à deux reprises, notamment pour attendre les conclusions de l’enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Celle-ci avait été saisie par le journaliste, qui a lui-même porté plainte contre le policier pour «violences» : il l’accuse de l’avoir frappé et plaqué au sol lors de son interpellation. Il s’était vu prescrire 10 jours d’interruption totale de travail (ITT) suite à une épaule déboîtée.

Amnesty International dénonce une entrave contre le journaliste

Ces poursuites, dont la crédibilité est fortement mise en cause grâce aux vidéos qui ont pu être réalisées au moment de l’interpellation de M. Bouhafs, sont emblématiques du contexte d’entraves au travail des journalistes et, de manière plus générale, à la liberté d’informer.

Alors que la proposition de loi relative à la Sécurité Globale menace de faire de la diffusion de vidéos des forces de l’ordre un nouveau délit, Amnesty International France se dit particulièrement inquiète de cette mesure attentatoire aux libertés fondamentales.

Note à l’attention des rédacteurs

Le 11 juin 2019, alors qu’il couvrait une mobilisation de travailleurs sans-papiers à Alfortville, le journaliste Taha Bouhafs a été violemment interpellé, placé en garde à vue et poursuivi pour outrage et rébellion.    

Le journaliste a pu filmer son interpellation. La vidéo montre que, s’il proteste quand un homme en civil le bouscule, il n’y a pas d’insultes, et encore moins d’appel à la haine qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence, les seules expressions qui devraient relever du droit pénal selon les exigences du droit international.  La vidéo montre également que l’homme qui le bouscule est habillé en civil, sans identification, alors que les forces de l’ordre ont l’obligation de porter un numéro d’identification (RIO).  

L’IGPN, qui a été saisie, a visionné les vidéos et considère que la procédure engagée contre Taha Bouhafs est incertaine, voire douteuse.   

L’audience qui devait se tenir le 8 janvier 2021, a été reportée à ce mercredi 10 mars car l’avocat de la défense, Me Arié Alimi, a déposé  une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) pour interroger la loi et en particulier la procédure pénale dans cette affaire.

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