Lors de l’hommage à Samul Paty qui s’est tenu hier à l’Université de La Sorbonne dans le 5ème arrondissement de Paris, Emmanuel Macron a expliqué que Samuel Paty avait lu le Coran. De plus, il a ajouté qu’il s’intéressait à la civilisation musulmane.

 

Ainsi, lors de l’hommage national, Emmanuel Macron a expliqué en citant les mots de Samuel Paty  :

 » « Je voudrais que ma vie et ma mort servent à quelque chose. » avait-il dit un jour, comme par préscience. Alors, pourquoi Samuel fut-il tué ? Pourquoi ? Vendredi soir, j’ai d’abord cru à la folie aléatoire, à l’arbitraire absurde, une victime de plus du terrorisme gratuit. »

Et Emmanuel Macron de continuer :

« Après tout, il n’était pas la cible principale des islamistes, il ne faisait qu’enseigner. Il n’était pas l’ennemi de la religion dont ils se servent ! Il avait lu le Coran ! Et il respectait ses élèves quelles que soient leurs croyances, il s’intéressait à la civilisation musulmane. Eh bien non, tout au contraire. Samuel Paty fut tué précisément pour tout cela. Parce qu’il incarnait la République qui renaît chaque jour dans les salles de classe, la liberté qui se transmet et se perpétue à l’école. »

Et de continuer :

« Samuel Paty fut tué parce que les islamistes veulent notre futur et qui savent qu’avec des héros tranquilles tels que lui, ils ne l’auront jamais. »

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour,

    D’abord, vu le contexte, je précise d’où je parle : je ne suis pas musulmane. Athée après avoir été élevée catholique, je pratique et soutiens une bienveillance égale pour toutes celles et ceux qui pratiquent leur religion quelle qu’elle soit, pourvu qu’elles et ils n’attaquent pas les valeurs d’humanisme auxquelles je crois.

    Je souhaite ensuite vous dire avec force que non, heureusement, tou.te.s les personnes de ce pays de tradition chrétienne (puisque c’est celle-ci qu’on nous renvoie constamment, bien que personnellement je me sente davantage de tradition républicaine), tou.te.s, donc, ne confondent pas les terroristes et autres fous de Dieu, avec les gens qui pratiquent tranquillement leur religion.

    Je suis donc de tout coeur, en ce moment, avec les Français.e.s musulman.e.s (mais aussi avec les étranger.e.s musulman.e.s vivant en France) car aujourd’hui elles et ils se trouvent, nolens volens, au milieu d’une guerre politique – POLITIQUE et non religieuse – qui traverse notre pays. Il s’agit de draguer un électorat d’extrême-droite catholique traditionnaliste, dont on flatte les opinions les plus xénophobes, racistes, islamophobes, pour gagner à tout prix la prochaine échéance électorale. Voilà la réalité. C’est un sordide calcul qui amène à agiter actuellement le pays en désignant les boucs émissaires : comme par hasard, les musulman.e.s. Et je ne veux pas être complice de ça.

    L’horrible assassinat de Samuel Paty survient dans ce contexte, et il est, comme il fallait s’y attendre, récupéré avec violence, avec un déchaînement qu’on a déjà connu après les massacres de Merah, après les attentats de Charlie Hebdo et du supermarché casher.

    Alors non, nous ne confondons pas les musulman.e.s avec les terroristes.

    Les musulman.e.s, pas davantage que les catholiques ou les bouddhistes, protestant.e.s, etc. ne sont pas mes ennemis, sauf s’ils tuent et persécutent au nom de leur religion.

    Alors, s’il vous plaît, et bien que le bas de notre visage, actuellement invisible, ne montre pas notre sourire, sachez lire dans nos regards que nous ne vous condamnons pas en masse, que nous ne vous condamnons pas du tout. Que vous êtes, sans que je m’occupe de votre religion et de ce que vous portez sur la tête : mes voisin.e.s, le médecin qui me soigne, l’épicier du coin, la personne qui me reçoit au guichet d’une administration, les ami.e.s de mes enfants, ma prof de gym… Vous êtes mes compatriotes et mes voisin.e.s de la planète Terre.

    Cela étant dit, un peu longuement mais pour bien faire entendre que je parle à vos côtés et non pas contre vous, je voudrais maintenant vous dire ma surprise en voyant, sur votre site, que vous mettez l’accent, dans vos publications, sur le fait que Samuel Paty n’a pas « commis d’infraction », ou, comme dans une vidéo que vous publiez, où un parent d’élève s’exprime longuement sur le fait que le professeur n’a pas voulu blesser les élèves musulmans, qu’il a tout fait pour ne pas les choquer, etc.

    Pour moi, c’est comme si vous cherchiez à donner des gages de la conduite de M. Paty pour dire qu’il n’avait pas cherché à provoquer son assassinat…

    Partant de là, supposons un professeur qui aurait « commis une infraction ». Un professeur qui ne se serait pas montré respectueux de ses élèves, qui aurait eu des propos choquants peut-être. Cela aurait-il justifié l’acte horrible de sa décapitation ? Et cela aurait-il justifié l’appel à la haine et à la vengeance, les propos injurieux de celui qui l’a traité de « voyou » dans une longue vidéo – un mot fort tout de même ! – et a contribué à mettre le feu, sinon à provoquer l’attentat ?

    Il existe encore aujourd’hui un malentendu entre la communauté musulmane et le reste des Français : j’ai déjà entendu, en janvier 2015, que tout de même, « ils » n’auraient pas dû publier ces caricatures, comme si ce fait à lui seul justifiait l’assassinat de 12 personnes ?

    Tant que le monde musulman ne condamnera pas sans restrictions de tels actes, ce malentendu subsistera. Tant que le monde musulman mettra sur le même plan le fait de publier des caricatures – voire de les créer – et la tuerie comme seule réponse possible, la guerre continuera et servira d’aliment aux politiques.

    Tant que le réflexe collectif ne se tournera pas vers la loi mais vers la justification, y compris « en creux », des exécutions sommaires, nous ne pourrons pas nous comprendre complètement.

    Enseignante puis personnel de direction dans des établissements dits « sensibles », j’ai vécu de nombreuses vexations et autres agressions verbales de la part d’élèves radicalisé.e.s ou dont on avait lavé le cerveau. J’ai reçu des pères de famille qui refusaient de me serrer la main parce que j’étais une femme ; qui refusaient d’être reçus par moi – alors que je dirigeais l’établissement conjointement avec un collègue homme et que j’étais chargée du dossier de leur enfant, et n’acceptaient de s’entretenir qu’avec mon collègue. J’ai été la cible de propos très choquants d’élèves garçons, par exemple : « Madame vous pouvez dire n’importe quoi, on n’a pas à vous obéir, vous n’êtes qu’une femme, chez nous les femmes elles se taisent », ou « le règlement il est pas pour nous, Allah nous voit, on ne reconnaît qu’Allah ». J’ai fait l’objet d’insultes visant ma prétendue religion, voire ma nationalité, que nous avions pourtant en commun car presque tous étaient nés en France ! (« grosse pute chrétienne », « sale mécréante », « sale Française »), etc.

    Mais jamais, JAMAIS je n’ai discriminé ceux dont les parents avaient été impolis avec moi. Jamais je n’ai sanctionné les propos outrés des élèves. J’ai toujours fait la part de leur jeunesse, de leur difficulté à construire leur propre pensée parmi des influences très délétères. J’ai toujours privilégié le dialogue avec eux et visé uniquement leur réussite scolaire et leur épanouissement. Quand j’ai sanctionné les élèves insulteurs, dans le respect de la loi et du règlement intérieur, j’ai toujours veillé à rester juste et proportionnée. En termes de réparation de l’insulte, j’ai toujours provoqué une discussion avec eux, et toujours, elle a été apaisée car ces jeunes ont eu l’intelligence de reconnaître leur erreur.

    Aurais-je alors pu faire décapiter un père de famille, exécuter un élève, qui m’avaient notablement manqué de respect ???

    Ce n’est pas une mauvaise plaisanterie que je viens d’écrire.

    Exécuter des gens, ici, sur le territoire de notre république, parce qu’ils ont fait ou publié des dessins, tuer de manière particulièrement abjecte un homme parce qu’il a montré une caricature, ou parce qu’il a voulu éviter de choquer ses élèves (tandis que de mensongères allégations et rumeurs couraient et tendaient à faire croire qu’il les avait « fait sortir de la classe » comme mesure discriminante) ; massacrer de petits enfants parce qu’ils sont juifs, des clients d’un commerce pour la même raison, cela passe tout simplement la mesure humaine.

    Dire de Samuel Paty qu’il n’avait pas commis de faute, c’est dire implicitement que, s’il en avait commis une, alors… C’est choisir un camp que, vous le comprendrez bien, on ne peut pas rejoindre.

    De même, excuser, comme le fait l’avocat, le jeune qui a touché de l’argent pour aider le tueur à identifier le professeur, sous prétexte qu’il a « vrillé » (sans qu’on sache bien ce que recouvre ce mot aux sens multiples), et qu’il pensait à une simple expédition punitive d’humiliation et de coups, c’est admettre implicitement qu’une telle expédition aurait pu exister. Le professeur n’aurait alors pas été décapité mais simplement humilié, moqué, battu peut-être ? En somme, l’assassin, s’il n’avait pas assassiné mais seulement frappé, aurait été un justicier ?

    Je crois sincèrement – et avec beaucoup d’espoir – que la communauté musulmane en France doit se démarquer de manière plus éclatante de toute excuse, qu’elle doit s’interroger sur cela. Que l’exercice d’une religion en France ne peut, ne pourra jamais prendre le pas sur la loi, sur le respect de la loi et de la vie humaine.

    Je crois tout aussi fermement que la discussion doit avoir lieu, que les religions doivent pouvoir se regarder et amender leur part d’obscurantisme, qui n’est certainement pas ce que pratiquent, au quotidien, celles et ceux qui en sont les croyant.e.s.

    Mais par dessus tout, je reste confiante dans l’évolution des moeurs et dans le silence qu’il faudra bien parvenir à imposer aux extrémistes de tous bords. Et dans ce combat, je serai toujours à vos côtés.

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