Une fresque à connotation raciste présente depuis 28 ans à l'Assemblée Nationale

Depuis près de 30 ans, une fresque commémorant l’abolition de l’esclavage est installée dans les couloirs de l’Assemblée Nationale. Réalisée par Hervé Di Rosa, la fresque pose problème depuis quelques années en raison des traits grossiers et caricaturaux que l’artiste a donnés aux personnages représentés. En effet, on y voit deux esclaves qui, affublés de gros yeux et d’énormes lèvres rouges, fêtent la fin de l’esclavage en brisant leurs chaînes.

 

 

Malgré les critiques multiples de certains intellectuels et journalistes, la fresque est toujours présente à l’Assemblée Nationale. Les universitaires Mame-Fatou Niang et Julien Suaudeau se demandent :

« Ce tableau d’Hervé Di Rosa est-il la meilleure œuvre pour commémorer la première abolition de l’esclavage ? »

Il y a un an, ils ont publié un article engagé intitulé « Banalisation du racisme à l’Assemblée Nationale : Ouvrons les yeux » dans le journal L’Obs.

Une pétition lancée contre la fresque de l’Assemblée Nationale

Et récemment, ils viennent de lancer une pétition afin de mettre fin à l’exposition de cette fresque présente dans les couloirs de l’Assemblée Nationale depuis près de 30 ans.

Les deux universitaires expliquent :

« À nos yeux, le tableau en question ne peut être l’œuvre qui commémore, au cœur du pouvoir législatif, la loi de la 1ère République ayant aboli l’esclavage avant que celui-ci ne soit rétabli sous l’empire. Inscrite dans une imagerie où se sédimentent, pêle-mêle, ces Rires Banania que Léopold Sédar Senghor voulait déchirer sur tous les murs de France, Tintin au Congo ou encore les barbouillages de Michel Leeb, cette représentation donne du corps noir une vision stéréotypée et déshumanisante. Elle insulte à la fois la mémoire des millions de victimes du commerce triangulaire, de l’esclavage et les citoyen·nes français.es qui sont leurs descendant·es. »

De son côté, l’auteur de la fresque, Hervé di Rosa, explique dans Le Monde au sujet de cette fresque de l’Assemblée Nationale :

« Quelle que soit leur couleur, leur sexe ou leurs caractéristiques physiques, mes personnages ont de grosses lèvres rouges (…) Il est terrifiant d’exciter le racisme, qui existe vraiment, en s’arrêtant à un simple code formel (…) Aujourd’hui, les censeurs viennent de là où on ne les attend pas. Là, ça me désole que ça vienne de gens que je considère “de mon côté”. »

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