Algérie - l’ex-président Abdelaziz Bouteflika est mort

Abdelaziz Bouteflika est inhumé ce dimanche 19 septembre au carré des martyrs du cimetière d’El Alia à Alger, réservé aux héros de la guerre d’indépendance, mais il aura droit à moins d’honneurs que ses prédécesseurs. 

Aucun deuil national n’a été annoncé. Chassé du pouvoir en 2019 après vingt ans à la tête du pays, l’ancien président de la république algérienne s’est éteint vendredi 17 septembre à l’âge de 84 ans dans sa résidence médicalisée à Zeralda à l’ouest d’Alger. Selon la télévision d’Etat, il doit être inhumé après la prière de midi.

Sa dépouille sera exposée auparavant au Palais du peuple, bâtiment d’apparat du centre d’Alger, pour permettre à de hauts dignitaires et aux citoyens de lui rendre un ultime hommage, avant de prendre le chemin du cimetière d’El Alia, à une dizaine de km de là, selon plusieurs médias locaux.

C’est au carré des martyrs de ce cimetière que reposent tous ses prédécesseurs, aux côtés des grandes figures et martyrs de la guerre d’indépendance (1954-1962).

« Paix à son âme. Mais il ne mérite aucun hommage car il n’a absolument rien fait pour le pays », a déclaré à l’AFP Rabah, un marchand de fruits et légumes à El Achour, sur les hauteurs de la capitale.

Pour Malek, un employé des télécommunications, l’ex-président « a été incapable de réformer le pays en dépit de son long règne ».

« Il a eu droit à une vie dorée, y compris depuis qu’il a été évincé du pouvoir. Mais force est de constater que son héritage n’est pas des plus reluisants », abonde Mohamed, un menuisier de 46 ans.

« Un contentieux »

Depuis sa démission en avril 2019, celui que les Algériens appelaient familièrement « Boutef » s’était enfermé dans la solitude de sa résidence médicalisée de Zeralda à Alger, où il a continué à jouir de tous les privilèges, selon des médias.

Au contraire, d’autres Algériens interrogés dans la rue estiment que le pays s’est amélioré durant sa présidence, dans une allusion au processus de réconciliation après la décennie noire de guerre civile de 1992 à 2002 (200 000 morts).

« Il était reçu dans n’importe quel pays du monde », a dit Amer, 46 ans, plongeur dans un restaurant, en référence à son passé d’ancien chef de la diplomatie des présidents Ahmed Ben Bella et Houari Boumédiène.

Mustapha, un lycéen de 19 ans, qui n’a connu que lui comme président, estime qu’il « a apporté du positif ».

Mais pour le spécialiste du monde arabe Hasni Abidi, Abdelaziz Bouteflika, chassé des sphères du pouvoir en 1979 par le « système », était en 1999 un « président blessé et humilié, revenu vingt ans plus tard pour régler ses comptes ».

Il « avait un contentieux avec l’Algérie », a expliqué à l’AFP cet expert du centre d’études CERMAM de Genève. « Sinon, comment comprendre l’état dans lequel se trouve le pays après deux décennies de règne sans partage. »

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