Le CFCM instrumentalise des versets du Coran pour faire accepter la « charte des imams »

Demandée en novembre par Emmanuel Macron, la charte des principes pour l’islam de France a été formellement adoptée lundi et devrait être l’un des instruments de la lutte contre le séparatisme, engagée par le gouvernement.

Ce texte de 10 articles répond-il à une volonté librement exprimée et consentie ?

Celui qui connaît les fondements et principes de l’Islam peut en douter. Ce texte est visiblement largement inspiré par le ministère de l’intérieur qui se donne pour objectif affiché de soumettre la pratique religieuse de l’Islam aux lois de la République.

 

« Lutte contre la haine antimusulmane, propagande et fausses informations

Les musulmans de France et les symboles de leur foi sont trop souvent la cible d’actes  hostiles.  Ces  actes  sont  l’œuvre  d’une  minorité  extrémiste  qui  ne saurait être confondue ni avec l’Etat ni avec le peuple français. 

Dès  lors,  les  dénonciations  d’un  prétendu  racisme  d’Etat,  comme  toutes  les postures victimaires, relèvent de la diffamation. Elles nourrissent et exacerbent à la fois la haine antimusulmane et la haine de la France. 

La diffamation et la propagation de fausses informations sont des délits. Leur interdiction est une exigence morale : « Ô vous qui croyez ! Si un pervers vous apporte  une nouvelle,  vérifiez en  la  teneur,  de  crainte  de  faire  du  tort  à  des innocents, par ignorance, et d’en éprouver ensuite des remords» (Coran,49 : 6). »

« Il y a ceux qui s’inscrivent dans la dynamique du CFCM, et ceux qui ne le font pas »

Directeur de recherche au CNRS au sein du laboratoire Groupe Société Religion et Laïcité (GSRL), Franck Frégosi, également enseignant à Sciences-Po Aix, note dans la charte de nombreux paradoxes pouvant expliquer certaines incompréhensions soulevées et critiques formulées à l’égard d’un tel texte. Des critiques reposant principalement sur la méthode employée pour répondre à la demande des pouvoirs publics.

« Il y a ceux qui s’inscrivent dans la dynamique du CFCM, et ceux qui ne le font pas. De manière générale, il y a une forme d’incompréhension, de critique à l’encontre de la méthode.

L’idée que les principaux acteurs de l’islam de France puissent se doter d’un texte fédérateur ne choque personne. Ce qui interpelle, ce sont les modalités dans lesquelles ça s’est réalisé, car il est clair que c’est suite à une injonction du chef de l’État, dans le courant du mois de novembre, lorsqu’il a exigé d’avoir un conseil sur les imams. Ensuite est née cette idée de créer une charte qui serait opposable aux imams prêchant en France et relevant de l’obédience du CFCM.

Il y a donc des opinions contrastées : une majorité d’acteurs sont extrêmement critiques sur la méthode, et dubitatifs quant à sa sphère d’application. Qui va se référer à cette charte et qui va la mobiliser ? Les neuf fédérations qui participent au CFCM ont l’intention d’y faire appel. Ces dernières devront veiller à ce que cette charte soit appliquée dans leurs propres mosquées avec tout ce que cela implique en matière de surveillance et de contrôle de ce que les imams pourront dire. Mais en dehors du CFCM, qui est concerné, sachant que la moitié des lieux de culte en France ne relève pas de ce Conseil ?

Sur l’utilité de cette charte, une des hypothèses pourrait être qu’elle puisse être utilisée par les pouvoirs publics lorsqu’une municipalité est saisie par une demande de mise à disposition d’un terrain communal. On pourrait exiger dans ce cas que les demandeurs prennent position par rapport à ce texte.

Quoi qu’il en soit, des questions et des critiques fortes vont émerger. Pas tant sur l’idée, mais davantage sur la façon dont elle a été rédigée et sur les circonstances dans lesquelles elle a été adoptée», estime le chercheur.

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