Une startup française fait une découverte majeure dans la lutte contre le SIDA

Une découverte scientifique majeure révèle enfin le mystérieux mécanisme d’action du VIH sur le système immunitaire. C’est le résultat d’une étude préclinique menée par l’équipe de Diaccurate, publiée mardi dans le prestigieux Journal of Clinical Investigations.

En quoi est-ce une première mondiale ? « Ce n’est pas le VIH qui tue les malades mais le fait que leur système immunitaire devient immunodéficient, donc ils meurent d’une infection ou d’un cancer », rappelle le professeur Jacques Thèze, cofondateur et directeur général de Diaccurate. Jusqu’à ce jour, la cause restait inexpliquée.

Le VIH pervertit le système

Au sein de l’arsenal immunitaire humain se trouvent plusieurs catégories de globules blancs, dont le lymphocyte T CD4+, décrit par Jacques Thèze, directeur général de Diaccurate, comme « le général en chef de l’armée du système immunitaire. Or le VIH fixe un fragment de virus sur le T CD4+. Notre découverte porte sur l’action d’une enzyme, la PLA2G1B, secrétée par le pancréas. On la retrouve dans le sang, tout le monde l’a, elle sert à la digestion, elle n’a aucun effet pathologique. Mais dès que le patient est infecté par le VIH, et qu’un petit bout du virus se fixe sur le T CD4+, à ce moment-là cette enzyme digestive va attaquer la membrane des T CD4+. C’est un mécanisme complètement nouveau. Le virus pervertit le système. Nous savions qu’il y avait ce mécanisme d’inactivation du T CD4+ dans le Sida, mais on n’en connaissait pas la cause. En réalité le VIH pervertit une enzyme physiologique de digestion et la transforme en agent pathogène qui va d’abord paralyser les T CD4+ avant que ceux-ci ne disparaissent« .

A partir de la découverte de ce mécanisme, Diaccurate a mis au point candidat-médicament, en l’occurrence un anticorps monoclonal, qui serait capable de neutraliser l’effet pathogène de l’enzyme PLA2G1B chez les porteurs du VIH. « Nous avons démontré sur modèle animal que cet anticorps neutralise l’activité paralysante de l’enzyme sur les T CD4+ où sont fixés un fragment de VIH. Ce qui permet à ces lymphocytes de reprendre une activité normale« , explique Jacques Thèze.

Ce traitement pourrait être révolutionnaire, avec la perspective de limiter l’usage des trithérapies actuelles pour les malades et d’entrevoir une rémission.

« Chez les patients infectés par le VIH, le traitement par trithérapies se prend à vie. L’espoir, c’est qu’on puisse neutraliser les effets pathogènes de l’enzyme et restaurer une fonction immunitaire normale en quelques mois de traitement avec cet anticorps monoclonal. On espère pouvoir diminuer les antirétroviraux et les supprimer à terme grâce à une rémission de l’infection, avec un système immunitaire restitué qui contrôlerait le virus« , détaille encore Jacques Thèze.

Encore de nombreuses années d’essais cliniques

Ce traitement nécessitera des financements considérables et ne devrait pas être développé avant cinq et dix ans. Mais à la clé, peut-être, la possibilité d’une rémission pure et simple pour les personnes séropositives.

« On sait qu’on peut neutraliser cette enzyme efficacement avec cet anticorps » souligne Philippe Pouletty. « Mais de là à dire que la neutralisation de ce mécanisme conduit à une guérison fonctionnelle du SIDA, ou en cancérologie, il y aura de nombreuses années d’essais cliniques qui seront nécessaires » prévient-il.

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