Une jeune élève avocate a été forcée de retirer son voile lors de son « petit-serment » organisé par l’école du Barreau de Paris ce jeudi matin. Une expérience humiliante et islamophobe qu’elle a accepté de raconter à Révolution Permanente.

D’après des témoins, plus de 1600 personnes attendaient le début de la cérémonie et c’est à « ce moment que S. a été interpellée par plusieurs membres de l’EFB qui lui ont intimé d’enlever son voile en invoquant le caractère solennel de la cérémonie ».

« Aujourd’hui, le 6 janvier 2021, j’ai été convoquée au Palais des Congrès de Paris pour prêter le petit-serment. Une fois arrivée, je me suis installée avec une amie. Une demi-heure plus tard, trois hommes viennent me voir. L’un des trois me pointe du doigt. Il me fait signe avec son index de me lever et de venir le voir.

Je m’exécute. Il me dit alors : « C’est une audience publique, il va falloir retirer votre voile ». Je lui demande à quel moment je dois l’enlever, et si je vais pouvoir le garder durant les diverses interventions, en dehors de la prestation de serment. Celui-ci me répond : « Non, il faut l’enlever immédiatement ».

J’étais choquée, les élèves-avocats me demandaient ce qu’il se passaient. Tous m’ont dit que ça n’était pas normal. Suite à cela, une dame de l’administration vient me voir et me dit : « Vous devez impérativement enlever votre voile. Si vous ne l’enlevez pas, vous sortez de la salle et vous ne pouvez pas prêter serment. »

« Je me suis sentie menacée et humiliée car elle a hurlé ça devant pleins d’élèves. Ne sachant pas quoi faire, deux personnes se sont proposées pour m’accompagner pour aller voir d’autres personnes de l’administration. L’une d’elle m’a dit : « Bah écoutez, il va falloir s’y faire. De toutes façons vous allez devoir l’enlever en plaidoirie et pendant le grand serment. C’est vous qui décidez, soit vous l’enlevez, soit vous restez comme ça et vous ne pourrez pas prêter serment. » Une autre dame m’a dit : « Allez tout au fond, peut-être qu’on vous verra pas ».

C’était un acte d’humiliation, ils sont venus à quatre dont une m’a hurlé dessus en me disant que je devais soit sortir de la salle, soit enlever mon voile. Je n’ai pas eu le choix de l’enlever. Elle m’a dit que soit je l’enlevais, soit je ne prêtais pas serment. »

« Je suis allée tout en haut, au fond avec une amie. Une magistrate s’est placée juste devant moi. Je me suis demandé si c’était pour me surveiller et bien vérifier que j’enlevais mon voile. J’ai trouvé ça étrange qu’elle me place juste devant moi.

Les personnes qui m’ont demandé d’enlever mon voile m’ont dit que c’était comme ça, que je devais m’y faire et que de toutes façons si je veux être avocate je n’avais pas le choix. Ce qui est assez drôle, c’est que trente minutes plus tard à peine, différents interlocuteurs, dont notre propre parrain Me Richard Malka ou encore la Batonnière, ont fait tout un discours de liberté, et d’indépendance. Une demi-heure plus tôt, ils me demandaient d’enlever mon voile. J’ai trouvé ça complètement hypocrite », confie Sarah à Révolution Permanente.

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