Après l’annonce de Samantha Powers, ambassadrice américaine à l’ONU, qui avait déclaré qu’il ne restait quasiment plus de mosquée en Centrafrique, nous avons appris une bonne nouvelle.

Dix mosquées ont été ré-ouvertes à Bangui, capitale du pays, où le plus gros des affrontements et des lynchages de musulmans ont eu lieu.
En effet, la population musulmane semble revenir progressivement dans le pays selon un responsable de la communauté qui a affirmé qu’environ 3000 musulmans étaient retournés à Bangui.

Pour rappel, il ne restait quasiment plus de musulmans à Bangui, un très grand nombre (plus de 100.000 personnes) avaient quitté le pays pour se réfugier à l’étranger (Cameroun, Tchad, Congo..) ou dans d’autres parties du pays où les anti-balakas avaient moins d’influence. Les violences appelées faussement religieuses ont fait au moins 5000 victimes si ce n’est beaucoup plus.

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Si la plupart des mosquées du pays ont été littérallement rayée du pays, les dix sont, elles, des rescapées de la furie destructrice des milices des anti-balakas qui voulaient éradiquer toutes traces des musulmans sur le territoire.
En cela, Aliou Ousseini, un des imams du pays, a déclaré à l’AP (Agence Associated Press) que les 10 mosquées mentionnées avaient été épargnées des saccages.

Le pays semble avoir retrouvé une certaine stabilité avec l’intervention des soldats de l’ONU et de l’armée française. Intervention, ne nous y trompons pas, menée pour défendre les intérêts géo économiques des divers pays.

Cependant, selon Peter Bouckaert directeur de la division Urgences de Human Rights Watch (HRW), ce calme n’est qu’illusoire, « l’État veut nous faire croire que le calme est revenu », a-t-il déclaré. « Mais entre-temps, les musulmans meurent de privations dans les enclaves de la République centrafricaine surveillées par des troupes internationales. »

« Dans l’ouest du pays, la situation s’est plus ou moins stabilisée grâce à l’aide des troupes internationales », a déclaré le prêtre Bernard Kinvi, prêtre de Bangui qui a ouvert les portes de son église aux musulmans persécutés.
Les Seleka eux sont partis vers l’Est du pays, « traditionnellement, cette région connaît une importante population musulmane, mais -malgré la présence de quelques troupes multinationales – il y a encore régulièrement des confrontations violentes », affirme-t-il.

« Évidemment que la violence dans l’ouest du pays a diminué », a déclaré Peter Bouckaert. L« es musulmans de cette région ont fui le pays en masse, vers le Cameroun et le Tchad. C’est comme si tous les Flamands quittaient Bruxelles et qu’après on dit que la paix est rétablie. »

Pour les médias qui s’y intéressent, ce conflit est un énième conflit religieux, hors ce n’est pas le cas. Pour revenir encore une fois sur les débuts de ce conflit qui a amené des hommes à manger d’autres hommes, il faut remonter au moment où les Seleka (Alliances) qui ont été qualifiés de groupe islamistes, ont rasé tout sur leur passage. Cette milice de rebelle ont pris le pouvoir par la force à François Bozizé en 2013.
Leur chef, Michel Djotodia, dissous la Seleka en août 2013 après avoir été assermenté. Faisant cela il pensait que le calme allait revenir mais cela a été fait en oubliant les exactions causées par ses hommes, exactions qui ont fait naître une haine qui se transformera en groupe d’autodéfense responsable d’horribles massacres de musulmans et que l’on a nommé les anti-balakas.

Maintenant revenons sur le fait que ce conflit soit religieux. Le prêtre Bernard Kinvi, a déclaré: « on entend souvent qu’il s’agit d’une confrontation entre musulmans et chrétiens, mais c’est un malentendu ». « La croyance la plus représentée est l’animisme », a-t-il poursuivi. Les anti-bakala se trompent en visant les musulmans du pays qu’ils tiennent pour responsable du coup d’État par les Seleka. Or la Seleka, bien qu’il y est des musulmans en son sein, « compte également d’autres croyances dans ses rangs. »

Les amalgames et la haine ont pris encore une fois le pas sur la raison. Le calme semble donc revenu mais il serait une illusion. De plus, le retrait des troupes internationales ne devrait pas arranger les choses.

« Le pire a été évité grâce à l’aide de la communauté internationale, mais le retrait des troupes survient à un moment très critique », estime le prêtre.

Il nous fait également part d’un constat inquiétant dont il est quotidiennement témoin et de ce fait il a invoqué l’urgence de désarmer tous les habitants. «Tous les foyers ont des armes à leur disposition, on trouve des grenades à 50 cents sur les marchés». « La population a été confrontée à la violence, elle a appris à tuer et a toujours des armes à sa disposition. Les conflits de voisinage se “résolvent” facilement par un assassinat ».

Pour finir, selon le prêtre Kinvi, les accusations de sorcellerie seraient de plus en plus fréquente dans le pays. « Une victime a été enterrée vivante, les incidents sont incessants », raconte-t-il. « Dans ces cas-là, nous devons agir rapidement, afin que les accusés ne soient pas exécutés par les milices anti-balaka ».

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