Des musulmans britanniques pressent Keir Starmer de reconnaître l’État palestinien, inquiets de la complicité du Royaume-Uni dans le génocide

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Le Premier ministre britannique Keir Starmer quitte le 10 Downing Street avant la session des questions au Premier ministre (PMQs) à la Chambre des communes à Londres, Royaume-Uni, le 23 avril 2025.

Une coalition de centaines d’organisations musulmanes britanniques, coordonnée par le Muslim Council of Britain (MCB), a remis mardi une lettre au Premier ministre Keir Starmer, appelant le gouvernement britannique à reconnaître immédiatement l’État palestinien et à exiger un cessez-le-feu permanent à Gaza. Cet appel survient alors que des préoccupations croissantes suggèrent que le Royaume-Uni pourrait être complice du génocide en cours perpétré par Israël dans l’enclave.

Dans son communiqué de presse concernant cette lettre, signée par une large représentation des institutions et individus musulmans britanniques, le MCB met en lumière la « profonde inquiétude » des musulmans britanniques concernant l’offensive israélienne à Gaza, où plus de 51 000 personnes, dont au moins 15 000 enfants, ont été tuées depuis octobre 2023, selon l’UNICEF.

La lettre ne se contente pas de souligner la souffrance des Palestiniens, mais attire également l’attention sur les conséquences plus larges de la politique étrangère britannique sur la cohésion intérieure. Elle souligne que les musulmans britanniques ne sont pas une « minorité marginale », mais le groupe religieux minoritaire à la croissance la plus rapide au Royaume-Uni, avec un engagement civique profond et une forte loyauté envers le pays. L’implication semble être que l’ignorance continue de leurs préoccupations risque d’aliéner un segment important et intégré de la société britannique.

Elle établit également un contraste frappant entre le traitement réservé par le Royaume-Uni aux réfugiés ukrainiens et sa position vis-à-vis des Palestiniens en quête de sécurité. « Les réfugiés ukrainiens sont accueillis à bras ouverts », indique la lettre, tandis que lorsqu’une famille de Gaza a cherché à rejoindre des proches en Grande-Bretagne, « vous avez juré de fermer la faille ». Selon les signataires, ces doubles standards sapent la confiance dans les valeurs britanniques et exposent l’engagement incohérent du gouvernement en matière de droits de l’homme. La frustration face à la position passive du Royaume-Uni est d’autant plus forte que d’autres pays européens, dont l’Espagne, la Norvège et maintenant la France, ont pris des mesures décisives pour reconnaître l’État palestinien. Les signataires avertissent que le Royaume-Uni ne doit pas prendre de retard. « Les mesures prises maintenant résonneront pendant des générations, façonnant notre avenir collectif. »

Enfin, la lettre place ses demandes dans le cadre du droit international, avertissant que la posture actuelle du Royaume-Uni risque de le rendre un « spectateur complice de ce crime contre l’humanité ». Avec des sondages montrant un large soutien public à travers les lignes religieuses et politiques pour la fin des exportations d’armements et la reconnaissance de l’État palestinien, le message adressé au gouvernement semble sans ambiguïté : agissez maintenant, ou faites face à des conséquences politiques et morales durables.

Le timing de la lettre est particulièrement significatif après un rapport de Declassified UK cette semaine qui a soulevé de nouvelles questions inquiétantes sur le rôle militaire direct du Royaume-Uni dans le génocide à Gaza. Interrogé sur la complicité du Royaume-Uni, l’amiral Sir Tony Radakin, chef d’état-major de la défense britannique, a refusé de répondre aux questions concernant plus de 500 vols de surveillance de la Royal Air Force (RAF) effectués au-dessus de Gaza depuis décembre 2023. Les vols, qui se sont poursuivis même pendant les cessez-le-feu, ont soulevé de sérieuses préoccupations quant au fait qu’ils puissent servir à des objectifs autres que la recherche d’otages, comme le prétend officiellement le Royaume-Uni.

Lorsqu’un journaliste de Declassified l’a pressé, Sir Tony Radakin a refusé de s’engager, disant : « Je n’ai vraiment pas le temps pour cette conversation. » Il a refusé de commenter si le partage de renseignements entre le Royaume-Uni et Israël pourrait le rendre personnellement, ainsi que le gouvernement britannique, complice de crimes de guerre.

Le ministère de la Défense a refusé de fournir des informations transparentes sur la nature ou le but des vols de surveillance, et les demandes d’accès à l’information ont été rejetées. Les tentatives d’obtenir des détails au Parlement ont été accueillies par de l’évasion ou du silence.

La lettre complète et la liste des signataires sont disponibles ici : https://bit.ly/pmlettergazapalestine

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