« Je me suis retrouvé dans ce bidon-ville » le réalisateur Mehdi Charef témoigne de son premier jour en France

Né en Algérie, l’écrivain et réalisateur Mehdi Charef raconte à Brut son premier jour en France. Il avait 10 ans…

 

« La première cité qu’on traverse, HLM, je me suis dit que c’est peut-être là, je regardais déjà, je me voyais déjà au troisième étage, avoir une chambre. Et puis, on a traversé la cité des Potagers et c’était pas là. » raconte Mehdi Charef.

« On a continué à marcher et il commençait à sentir la boue et puis j’ai vu une espèce de cité fantôme, parce qu’il y avait des feux de cheminées noirs. C’était novembre, il faisait gris. »

« Et puis mon père est rentré là-dedans et puis j’ai vu que c’était que des baraques, c’était un bidonville. »

« C’était novembre 1962. J’avais 10 ans. C’était un mois très difficile. J’ai l’impression qu’il avait duré 6 mois. Moi qui étais né au soleil et qui me baignais dans les rivières de la montagne. J’étais un petit prince, quoi. »

« Et puis, je me suis retrouvé dans ce bidonville, je ne pouvais pas pleurer non plus parce que ça aurait fait de la peine à mon père. »

« Après, je me suis habitué au quartier un petit peu, je sortais un peu. Ce qui était emmerdant c’est qu’on avait toujours de la boue aux semelles des chaussures et quand cette boue séchait ça faisait des traces blanches. Alors à l’école, ils nous reconnaissaient. »

« Petit à petit on a oublié d’où on venait, l’Algérie. Parce qu’on était conscient qu’on allait rester là. Personne n’osait dire à l’époque qu’on mourrait là, moi je l’ai senti tout de suite. », poursuit Mehdi Charef.

« Quand je me suis retrouvé à 15 ans encore au collège, on nous avait demandé un travail libre sur quelque chose qu’on aimait, qui nous touchait, et j’avais écrit deux pages ou trois pages sur les athlètes américains qui avaient levé le poing noir pendant les Jeux olympiques. Le prof m’a dit : « C’est bien, c’est pas mal, c’est bien écrit » il m’a dit. »

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