Il y a quelques jours, s’est tenue à Poitiers une rencontre nationale autour de la question des religions dans la société en présence de la secrétaire d’État Sarah El Haïry. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’avait sans doute pas prévu les interventions de jeunes collégiens et lycéens.

En effet, une centaine de jeunes ont pu rencontrer la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement lors de cette rencontre nationale.

Mais dès qu’un des jeunes présents évoque « les violences policières » à la secrétaire d’État, cette dernière lui coupe aussitôt la parole pour lui expliquer :

 « Il faut aimer la police, car elle est là pour nous protéger au quotidien. Elle ne peut pas être raciste, car elle est républicaine ! »

Un peu plus tard dans la rencontre, c’est Farah, 16 ans qui explique à la secrétaire d’État :

« Quand j’ai expliqué à mon prof d’histoire que j’étais musulmane, il m’a tout de suite agressée. Il a cherché à convaincre les musulmans de la classe que Dieu n’existait pas, que c’était prouvé par la science. Moi, je n’impose rien à personne, pourquoi est-ce que lui m’imposerait sa vision ? »

Et Farah de continuer face à la secrétaire d’État :

« J’ai failli porter plainte. Je crois à la liberté d’expression, mais j’ai le sentiment qu’on n’est pas tous libres de la même manière : lorsqu’il s’agit d’exprimer un propos athée ou critiquant les religions, la parole est totalement ouverte et c’est très bien ! Mais lorsqu’il s’agit de dire qu’on aime la religion ou qu’on est croyant, la parole est étouffée. On peut même se retrouver rejeté ou montré du doigt. Pourtant, la liberté d’expression devrait être la même pour tous. D’accord pour l’expression publique du blasphème à l’école, mais alors il faudrait aussi respecter l’expression publique de la foi. »

Enquête ouverte

La Fédération des Centres Sociaux et Socioculturels de France organisatrice de ce débat a adressé un communiqué faisant état d’une enquête menée à la demande de Sarah El Haïry.

 

« La Secrétaire d’État en charge de la jeunesse et de l’engagement a été invitée à participer à la matinée du jeudi matin pour un temps de restitution des travaux et de débat : le dialogue a été très difficile. Il y a eu une réelle incompréhension entre la ministre, les jeunes et nous.

Suite à cette rencontre, la Secrétaire d’État a mandaté l’Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche pour mener une mission d’inspection à l’encontre de la Fédération nationale des centres sociaux. Elle a pour objet d’examiner les objectifs, des conditions d’organisation et d’encadrement du Réseau Jeunes et, plus largement, les conditions d’organisation et de fonctionnement de la FCSF.

Forts de la solidité de notre approche, de nos valeurs et démarches d’éducation populaire, la FCSF aborde cette inspection avec sérénité.

Néanmoins, nos méthodes d’éducation populaire, nos postures, le cadre et le contenu de cette rencontre sont clairement interrogés. Nous le regrettons profondément. Les 1300 centres sociaux de notre réseau, véritables terreaux de fraternité, d’égalité et de liberté, contribuent au quotidien à répondre aux besoins de leur territoire et de la période chargée de tensions en partant, toujours et tout le temps, du terrain, de ce que les habitant.e.s vivent et pensent, et ceci sans aucune concession sur la laïcité. »

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît tapez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici