La venue du président français Emmanuel Macron en Palestine à fait couler beaucoup d’encre dans les médias locaux. Le Middle East Eye a donné la parole aux Palestiniens afin de connaître leurs points de vue sur ce président, leurs espoirs et leurs craintes :

Lorsqu’on leur demande ce que les Palestiniens pensent de Macron leur réponse est sans équivoque : « Shou yaani Macron ? » « C’est quoi Macron ? »  Rares sont ceux qui se rappellent du nom présidentiel tellement il brille par son absence.

« Au temps de François Mitterrand, la France était un État fort, son dirigeant était connu, mais depuis cela n’a cessé de décliner », remarque Hachem Maqbul un passant palestinien interrogé par le journal arabe.

« Et depuis que Chirac est parti, nous avons assisté à un net déclin dans les prises de position françaises en ce qui concerne les Palestiniens, depuis Sarkozy qui a refusé de vraiment défendre les Palestiniens jusqu’à aujourd’hui, avec la législation contre le BDS. C’est alarmant. »

Emmanuel Macron « est déjà très faible chez lui, que voulez-vous qu’il fasse ? », intervient Hachem, qui dépeint un président sans charisme, sourd « à la colère de la rue qui monte de plus en plus en France » et incapable d’« ouvrir un dialogue interne ».

« Emmanuel Macron n’a pas voulu prendre cette question comme une priorité », note Inès Abdel Razek, directrice du plaidoyer au Palestine Institute for Public Diplomacy, une ONG palestinienne. « On reste sur le statu quo discursif, le statu quo des éléments de langage traditionnels. »

« On est dans une réalité d’un État d’apartheid et il y a une profonde déconnexion entre les discours politico-diplomatiques et la réalité sur le terrain. » enchérit-elle.

« Les Européens en général sont dans l’attentisme et les Français n’ont pas envie de prendre le lead sur une quelconque initiative multilatérale », juge Inès Abdel Razek. « Il y a eu l’initiative de [l’ancien président socialiste] François Hollande qui n’a mené nulle part et il n’y a pas la volonté politique de se lancer dans une autre initiative du même genre, avec la perception d’un manque de volonté de la part des autres pays européens de suivre, aucune volonté de la part d’Israël et pas de stratégie du côté du leadership palestinien. »

« La relation de la France avec la Palestine est devenue plus faible », explique la jeune femme, dans un français parfait. « Je n’attends rien du tout de Macron, je pense qu’il s’en fiche des Palestiniens », soupire-t-elle. « On a l’habitude. » Elle pense que le président français est un gestionnaire, « un ministre, pas un homme d’État comme l’était Chirac ».

« En 25 ans, aucun président n’a jamais été contre Israël et les États-Unis », lâche Sireen, une jeune Palestinienne de Jérusalem 

« Avant, on était plus libres de s’exprimer. Désormais, chaque personne est soupçonnée d’être un terroriste », juge la jeune femme.

« Le contexte global n’aide clairement pas la libération des Palestiniens », ajoute Inès Abdel Razek, qui pointe une « déshumanisation de la lutte des peuples ».

« Moi, si j’étais président, je lui dirais que je n’accepterais pas de le recevoir », tranche Sireen en référence à Mahmoud Abbas. « Il voit Netanyahou avant nous et nous accorde une heure et demie ? Non merci ! »

« Nous les Palestiniens, qu’est-ce qu’on a fait pour exiger que les autres soient avec la cause palestinienne ? Les pays sont puissants, mais nous qu’est-ce qu’on fait pour les influencer ? Israël est beaucoup plus fort que nous dans ce domaine, ils savent comment se vendre. »

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