Plus de 200 universitaires ont publié jeudi une lettre ouverte dans laquelle ils dénoncent l’acharnement du CNRS contre le candidat Akim Oualhaci.

Post doctorant en sociologie et âgé de 44 ans, Akim Oualhaci est auteur d’une thèse en 2011 et titulaire d’un doctorat en France et d’un autre aux États-Unis. Son travail s’intéresse aux classes populaires et notamment aux difficultés des jeunes issus de l’immigration. Ces recherches régulièrement saluées par ses pairs.

Cela fait depuis 3 ans qu’Akim Oualhaci se porte candidat à un poste de titulaire au CNRS et qu’il est systématiquement déclassé. Akim Oualhaci passe avec succès le jury d’admissibilité qui est composé de scientifiques qui examinent son travail. Mais le deuxième jury qui est le jury d’admission et qui est présidé par la direction du CNRS rejette ses candidatures.
Akim Oualhaci a même été classé en tête ex-aequo par le premier jury avant d’être recalé par le second.

Trois refus sans aucune explication fournie. Selon le CNRS, les jurys d’admission n’ont pas à motiver leur décision.
Akim Oualhaci réagit à cet acharnement et déclare :

C’est une histoire assez violente au niveau individuel. On se demande quelles sont les raisons qui ont mené à notre déclassement. On a toute sorte d’interprétation. Je m’interroge sur le fait que mon patronyme ait joué ou pas dans les classements.

Un chercheur au sein du CNRS explique que cette année, ont été déclassé une dizaine de personnes sur le total des 250 admissibles mais le cas d’Akim Oualhaci, déclassé trois fois de suite, reste « du jamais vu ».

Un des jurés, qui a accepté de témoigner anonymement, a déclaré qu’il y avait des sous-entendus intolérables sur son travail. Il ajoute :

La vérité, c’est que pour eux, un gars qui vient du 93 et qui travaille sur les classes populaires, on le met de côté. Il suffit de regarder la liste des collègues embauchés, On a le plus souvent des gens bien blancs, avec des noms bien français et qui viennent tous des grandes écoles. On est clairement dans un modèle de reproduction sociale.

En 2009, un autre candidat s’était heurté au déclassement du CNRS. Marwan Mohammed était classé premier au concours national mais déclassé par la commission d’admission.
Quelques mois plus tard, Marwan Mohammed a finalement été embauché via une autre procédure. Il dit être « entré au CNRS par la fenêtre, alors qu’on lui avait fermé la porte. »

Dans leur lettre ouverte, les 200 universitaires espèrent que ce sera le cas également pour Akim Oualhaci. Ils demandent à la direction de réparer ce qu’ils appellent une « injustice » en lui « accordant immédiatement un poste » au CNRS.

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