Amar Benmohamed, le policier qui a dénoncé le racisme dans la police, sanctionné par sa hiérarchie

Amar Benmohamed, le policier qui a dénoncé le racisme et la maltraitance de certains de ses collègues envers des détenus du dépôt du tribunal de Paris a reçu un “avertissement” pour avoir tardé à faire un rapport à sa hiérarchie, a-t-on appris ce mardi 12 janvier auprès de son avocat, révèle StreetPress.

“On sanctionne ceux qui révèlent le racisme. Nous allons déposer un recours contre cet avertissement auprès du tribunal administratif”, a réagi auprès de l’AFP l’avocat d’Amar Benmohamed, Arié Alimi, dénonçant “une volonté d’empêcher le combat contre le racisme dans la police”.

De son côté, Amar Benmohamed dément avoir tardé à rendre son rapport. Il assure au contraire avoir rédigé celui-ci le jour où sa hiérarchie le lui a demandé, après en avoir parlé oralement avec elle.

 

Après les révélations du policier, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour «violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique» et «injures publiques». Dans la notification de l’avertissement, il lui est reproché d’avoir «manqué au devoir d’obéissance par inexécution d’un ordre», notamment «en s’abstenant de se conformer immédiatement aux instructions de sa hiérarchie» qui lui avait demandé un rapport sur les comportements dénoncés. Il lui est aussi reproché de ne pas avoir mentionné dans le rapport les noms des personnes «qui avaient dénoncé auprès de lui les comportements critiquables».

Benmohamed assure au contraire avoir rédigé le rapport le jour où sa hiérarchie le lui a demandé, après en avoir parlé oralement avec elle.

Amar Benmohamed témoigne

Humiliations, insultes racistes ou homophobes, privations de nourritures ou d’eau, refus de soins médicaux… Le brigadier-chef Amar Benmohamed révèle sur le site d’informations StreetPress l’existence d’un vaste système de maltraitance dans les cellules du tribunal de Paris, « le plus grand tribunal d’Europe où chaque jour se pressent près de 9 000 personnes »

« Au total, sur un peu plus de deux ans, plus de mille prévenus ont été maltraités. C’est même sans doute plus », dénonce le brigadier-chef Benmohamed, qui est délégué syndical chez Unité SGP-Police.

Aux insultes racistes récurrentes : « ferme ta gueule, sale bougnoule », « nègro », « sale race », « je te lancerais tout ça dans la Seine », « si on me laissait faire, je mettrais le feu à toutes ces merguez », s’ajoutent, selon Amar Benmohamed, certains faits pour lesquels « on peut presque parler de torture », avec des privations d’eau et de nourriture, qui sont « monnaie courante ».

« Si je parle aujourd’hui, c’est parce que j’ai tout fait [à l’intérieur de la police] pour régler cette affaire et ça a échoué »

Cette décision d’aller au bout de cette bataille, il l’a prise dans la nuit du 11 au 12 mars 2019. Ce jour-là, une gardienne de la paix en poste dans les sous-sols du tribunal, interpelle vertement un détenu qui demande un repas sans porc, rapporte StreetPress :

« Tu prendras ce qu’on te donnera. On en a marre des bougnoules, c’est eux qui nous font chier en France. »

Amar Benmohamed note une augmentation des incidents avec les détenus. Il décide alors de s’intéresser à ces nouveaux d’un peu plus près. Ce qu’il découvre au fil des mois est sidérant. Les insultes racistes, par dizaines. « Ferme ta gueule, sale bougnoule »« nègro »« sale race ».

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