CORRECTIF

L’intervenante de l’UNEF ayant été copieusement insultée de « collabo » et de « traitre » le jour du rassemblement à la mémoire du professeur Samuel Paty serait Mélanie Luce, présidente du syndicat étudiant.

Intervention à la suite de laquelle, Mélanie Luce aurait reçu de nombreuses menaces de mort.

 

« À ceux·elles qui nous traitent de «collabos» & nous menacent de mort simplement parce que nous avons participé au rassemblement de soutien à #SamuelPatty: vous ne nous ferez pas taire! Face à cet attentat affreux, touchant à l’école, le cœur de notre république, soyons uni·e·s! »

 

 


Des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux enseignants et enseignantes, ont participé à des rassemblements, place de la République, à Paris, ainsi qu’à Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Nice et Nantes, deux jours après l’agression barbare à Conflans. Parmi les personnalités présentes Place de la République, Maryam Pougetoux en qualité de présidente du syndicat étudiant UNEF à Paris IV.

Chez certains, sa présence a provoqué colère et indignation. Pourquoi ? Simplement parce que musulmane. Lors de son discours, Maryam Pougetoux s’est vue traiter de « collabo » et  de « traitre »… Triste réalité.

 

 

 

Lettre de la directrice du collège aux parents d’élèves

Samia Chiki, enseignante et journaliste, décrit l’investigation qu’elle a menée après la diffusion de la vidéo du père d’une des élèves de Samuel Paty. Elle partage avec nous les étapes de ses investigations et notamment une lettre d’Audrey Fouillard, directrice du collège dans lequel enseignait la victime.

 

« Le  7 octobre,  j’ai entamé une investigation suite à la diffusion de la vidéo du papa, Brahim.

Je me suis mise en contact avec lui afin d’écouter sa version des faits et tenter de comprendre ce qui s’était passé.

Ce parent d’élève  avait écouté le récit de sa fille, puis par la suite a contacté l’Académie de Versailles et avait décidé de porter plainte pour discrimination dès le 8 octobre. J’ai constaté que le procès-verbal n’indiquait pas la discrimination, voici précisément son intitulé

« Diffusion de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique »( je ne relaie pas une information médiatique ou une parole , j’ai le procès-verbal sous les yeux mais ne peux le diffuser).

Le père a affirmé qu’il souhaitait porter plainte pour « le caractère discriminatoire » mais que « ce sont les agents qui avaient mis cela ».

Le descriptif du procès-verbal ne relève aucun élément « pornographique ».

Surprise par la dénomination de l’infraction, un avocat me confirme qu’elle n’avait pas de sens et devait être requalifiée.

Dans la foulée, j’ai tenté une dizaine de fois de joindre la cheffe d’établissement afin d’avoir des précisions sur les faits et éventuellement m’entretenir avec l’enseignant, j’ai eu plusieurs membres du personnel administratif, sauf Mme Fouillard.

L’académie de Versailles a dépêché sur place très rapidement deux inspecteurs dont un référent à la Laîcité. Une séance de cours en la présence de ce dernier, la CPE  et la cheffe d’établissement du collège a été organisée pour une des classes concernées.

Plusieurs fédérations de parents d’élèves  ont été contactées, certaines pensaient que l’histoire était un «  fake » puis ont fini par joindre l’établissement et le père de famille auteur de la vidéo.

La cheffe d’établissement, dans les jours suivants « l’incident »,  avait eu des échanges téléphoniques avec certaines familles et reçu quelques-unes d’entre elles.

La « maladresse » de l’enseignant avait été admise par la hiérarchie et invitait les parents à se présenter le lundi 12 octobre  afin d’assister avec les élèves à une séance sur ce cours autour de la Liberté de la presse.

Dans un communiqué adressé aux parents, Mme Fouillard,  directrice du Collège Bois d’Aulne écrit :

« Mr Paty a tout de suite reconnu sa maladresse et s’en est excusé. Nous avons l’un et l’autre répondu à l’ensemble des parents qui souhaitaient revenir sur cette situation depuis mardi afin de les rassurer(…)Nous avons également repris cela ce jour avec l’inspecteur académique de la Laîcité(…).Aujourd’hui, je souhaite que tous, nous puissions repartir sur des bases apaisées et de confiance ».

Vous verrez ci et là plusieurs versions concernant ce qui s’est déroulé en amont , l’enseignant a-t-il demandé aux élèves de lever la main ? de sortir ?…Les versions divergent, d’une part car le cours s’adressait à deux classes de 4ème différentes, et d’autre part car certains ont évoqué la séance du lundi 5 octobre, celle durant laquelle  Mr Paty avait commencé à préparer les élèves d’une des deux classes en les informant qu’il allait diffuser des caricatures qui pourraient les choquer et que les élèves musulmans, pourraient donc sortir à ce moment.

Pour cette classe, la séance de cours se déroulera le lendemain, mardi 6 octobre,  aucun élève ne sortira car l’adulte supposé les surveiller dans le couloir n’était pas présent, il invitera les élèves à fermer les yeux.

Est alors évoqué, le contexte autour  de la caricature, ce qu’est la liberté de la presse et  la notion de « blasphème ». Les élèves  présents ont compris la démarche de l’enseignant, un d’entre eux rapportera le soir même à ses parents , soulagé :« C’est bon, je l’ai vue ».

La fille de Brahim, n’a pas assisté à ce cours du mardi, mais à la séance du lundi, durant laquelle elle aurait exprimé son refus de sortir de la salle de classe lors de sa diffusion, elle sera exclue deux jours à partir du 12 octobre.

Que s’est-il passé ?

Convoqué le 12 octobre au commissariat, Mr Paty portera à son tour plainte pour diffamation.

L’enseignant ne s’attendait certainement  pas à une telle tournure, il avait déjà,  les années précédentes montré cette même caricature et en dehors de ce cours d’EMC sur la liberté de la presse, avait d’après de nombreux parents, pour habitude de choisir des supports iconographiques et des vidéos dures.

Lors des différents échanges avec les parents, il a expliqué vouloir développer leur esprit critique.

Cette semaine, il a demandé aux élèves d’exprimer sur feuille blanche à leur tour, ce qu’était la liberté d’expression et les a exposés au CDI de l’établissement.

A ceux qui seraient tentés, de jeter l’opprobre sur ces parents qui se sont interrogés sur sa démarche en amont et ont fait part de leurs interrogations, sachez que la majorité ont soutenu  l’enseignant et ont favorisé le dialogue.

N’est-ce pas en ce dernier point, en réalité que réside une partie des solutions à apporter face à de telles situations ? »

 

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