
Des manifestants ont érigé des barrières métalliques et placé des conteneurs à ordures à divers endroits de la capitale Belgrade, bloquant notamment un pont clé sur la rivière Sava. À Novi Sad, dans le nord du pays, des manifestants ont lancé des œufs sur les bureaux du Parti progressiste serbe au pouvoir, rapporte l’agence AP.
Les médias serbes ont indiqué que des blocages similaires ont été organisés dans plusieurs petites villes du pays.
Les manifestants ont exigé dimanche la libération de dizaines d’étudiants et d’autres personnes arrêtées pour avoir attaqué la police ou, selon les autorités, pour avoir planifié de renverser le gouvernement lors du rassemblement de samedi à Belgrade.
Des dizaines de milliers de personnes ont participé à cette manifestation, organisée après près de huit mois de contestation continue qui ébranle le président populiste Aleksandar Vucic.
Les manifestants ont qualifié le gouvernement actuel de « non légitime » et ont tenu les autorités pour responsables de toute violence.
Des affrontements avec la police antiémeute ont éclaté après la fin officielle du rassemblement. Les forces de l’ordre ont utilisé du gaz poivre, des matraques et des boucliers, tandis que les manifestants lançaient des pierres, des bouteilles et d’autres objets.
La police a indiqué dimanche que 48 agents avaient été blessés et que 22 manifestants avaient reçu des soins médicaux. Sur les 77 personnes arrêtées, 38 étaient toujours en détention dimanche, la plupart poursuivies pour des infractions pénales, selon le ministre de l’Intérieur Ivica Dacic.
Au moins huit autres personnes ont été interpellées dans la journée, ont précisé les procureurs.
Aleksandar Vucic a annoncé ces arrestations lors d’une conférence de presse dimanche, accusant les organisateurs de la manifestation d’avoir incité à la violence et aux attaques contre la police, et appelant à des poursuites judiciaires.
Il a également qualifié de « terroristes » ceux qui, selon lui, tentaient de « faire tomber l’État », ciblant notamment le doyen de l’université de Belgrade, Vladan Djokic, qui se trouvait parmi les manifestants.
« Il y aura d’autres arrestations », a-t-il déclaré. « L’identification de tous les individus est en cours. »
Les manifestations antigouvernementales ont débuté après l’effondrement du toit rénové d’une gare en novembre, causant la mort de 16 personnes. De nombreux Serbes ont attribué ce drame à Novi Sad à la négligence alimentée par la corruption dans les projets d’infrastructure publique.
Aleksandar Vucic a rejeté à plusieurs reprises les appels des étudiants à organiser des élections anticipées, préférant attendre le scrutin prévu en 2027.
« La Serbie a gagné. Vous ne pouvez pas détruire la Serbie par la violence », a déclaré Aleksandar Vucic dimanche. « Ils voulaient consciemment provoquer un bain de sang. Le temps des responsabilités arrive. »
Les critiques accusent Aleksandar Vucic d’être devenu de plus en plus autoritaire depuis son arrivée au pouvoir il y a plus de dix ans, étouffant les libertés démocratiques tout en laissant prospérer la corruption et le crime organisé. Des accusations qu’il rejette.