Le détenteur d’une carte verte américaine, Mohsen Mahdawi, un activiste étudiant de l’université Columbia libéré la semaine dernière après avoir été arrêté lors de son entretien de naturalisation, a juré que l’« intimidation » dans le cadre de la répression menée par l’administration Trump ne ferait pas taire son engagement pour la paix et la justice, rapporte Anadolu.
Dans sa première interview télévisée depuis sa libération, accordée lundi à CBS News depuis le Vermont, Mohsen Mahdawi a déclaré que le président américain Donald Trump « ne me fera pas taire », qualifiant sa libération de « lueur d’espoir » pour d’autres activistes étudiants détenus, dont Mahmoud Khalil de Columbia et Rumeysa Ozturk, doctorante turque à l’université de Tufts. La répression actuelle contre les étudiants étrangers engagés également protégés par le droit à la liberté d’expression garanti par la Constitution américaine a débuté après l’arrivée au pouvoir de Trump en janvier dernier.
Mohsen Mahdawi a été arrêté à la mi-avril en vertu d’une disposition juridique rarement utilisée, permettant la révocation d’un visa pour des personnes jugées susceptibles d’avoir des « conséquences négatives sur la politique étrangère ». Il s’était rendu à son rendez-vous de naturalisation, avait réussi le test et prêté serment d’allégeance avant d’être interpellé par des agents de l’immigration, a-t-il raconté.
S’adressant à ses soutiens après sa libération, Mohsen Mahdawi a interpellé directement Trump et son gouvernement : « Je n’ai pas peur de vous. Faites ce que vous voulez. Vous ne me ferez pas taire », dénonçant ce qu’il a qualifié de « philosophie de l’intimidation et de justice punitive ».
Mohsen Mahdawi a intenté un recours fédéral quelques heures après son arrestation, affirmant que sa détention violait son droit constitutionnel à la liberté d’expression. Le juge fédéral Geoffrey Crawford a ordonné sa libération mercredi dernier, estimant que Mohsen Mahdawi avait « présenté des arguments solides selon lesquels sa détention serait une représaille à une expression protégée par la loi ».
Détenu pendant environ deux semaines, Mohsen Mahdawi a déclaré : « Ce que je sais, c’est que c’est une trahison de la Constitution de ce pays et du processus démocratique. »
Il a ajouté : « J’ai tout fait dans les règles. J’ai suivi la procédure… J’ai déposé ma demande correctement. Je me suis présenté à mon entretien. J’ai répondu honnêtement à toutes les questions. Et j’ai affirmé être prêt à défendre et protéger la Constitution de ce pays. »
Il a qualifié les justifications avancées par l’administration Trump de « risibles », ajoutant : « Une personne qui plaide publiquement pour la justice et la paix porterait atteinte à la politique américaine ? »
Une lettre appelant à l’expulsion de Mohsen Mahdawi, signée par le secrétaire d’État Marco Rubio, l’accuse d’avoir tenu un discours menaçant envers des passants pro-israéliens lors de manifestations. Pourtant, une vidéo datant de novembre 2023 et obtenue par CBS News montre Mohsen Mahdawi menant des slogans contre un manifestant ayant tenu un propos antisémite.
Il a également déclaré à CBS News : « Nous avons été très clairs : notre mouvement est pour la justice, et l’antisémitisme n’a pas sa place dans notre mouvement. »
L’affaire de Mohsen Mahdawi reste en cours, le juge Geoffrey Crawford examinant toujours sa requête en habeas corpus une procédure juridique contestant la légalité de sa détention tandis qu’une cour d’appel doit examiner mardi les cas de Mohsen Mahdawi et de Rumeysa Ozturk. Après sa libération, Mohsen Mahdawi a conclu : « Mon cœur a été réconforté par la conviction que la justice prévaudra… et que le système judiciaire fonctionne. »